Effets de l'entraînement concomitant de la force, de la puissance et de l'endurance dans les sports d'équipe

Publié le : 28 mai 2023 à 11h43

Article rédigé par Thibaut GARÇON

Introduction 

Les sports d'équipe les plus médiatisés, tels que le football, le rugby, le football américain ou encore le basketball, sont basés sur la force et l'endurance (entre autres). Les joueurs doivent développer ces aspects de leur condition physique pour atteindre les performances athlétiques souhaitées dans ces sports.

Il est donc nécessaire que les joueurs développent des aptitudes optimales pour répondre aux exigences physiques des entraînements et des matchs. Parmi ces critères :

Sont les déterminants les plus importants de la performance athlétique de ces sports (en excluant tous les aspects tactiques, mentaux et psychologiques).

Par exemple, au cours d'un match de football de 90 minutes, la distance totale parcourue par un joueur peut varier entre 10 et 12 km. De manière plus précise, les joueurs peuvent être engagés dans environ 150-250 actions de 15-20 m de sprints à haute intensité et effectuer de nombreuses actions explosives avec des changements de direction. Ces actions influencent fortement les performances des joueurs et de l'équipe, et peuvent potentiellement changer l'issue d'un match.

Ainsi, outre l'amélioration constante des techniques et des tactiques, le développement de la condition physique est aujourd'hui davantage pris en compte par les professionnels en charge de la performance sportive (coach, préparateur physique, médecin …). Toutefois, dans le contexte sportif actuel, le temps d'entraînement disponible peut être extrêmement limité en raison de calendriers de compétition de plus en plus surchargés, il est difficile de planifier l'entraînement de la force et l'entraînement de l'endurance séparément sur les semaines d’entraînements. Par conséquent, la plupart des sports d'équipe combinent actuellement l'entraînement musculaire et l'entraînement d'endurance le même jour afin de développer la condition physique des joueurs.

 

Les problématiques

Depuis que Robert C. Hickson a mené les premières études sur l'entraînement simultané en 1980, un grand nombre de recherches ont été réalisées. Les études suggèrent que l'entraînement simultané compromettait des réponses adaptatives spécifiques par rapport à un entraînement en force ou en endurance seul.

 

Plus précisément, l'entraînement simultané pourrait atténuer les gains d'hypertrophie musculaire, de force et de puissance, mais aurait peu ou pas d'effet sur les résultats d'endurance, tels que la VO2max ou sur des tests spécifiques (le test du Yo-Yo, Vameval …). Ce phénomène a été défini comme « l'effet d'interférence »de l'entraînement simultané. Cependant, à ce jour, les preuves de l'existence d'un effet d'interférence sont assez floues chez les athlètes.

 

 

Que dit la littérature actuellement ? 

En 2022, une méta-analyse écrite par Kang et ses collaborateurs permet de répondre à quelques interrogations. L'objectif de cette étude était de déterminer si l'entraînement simultané de la force et de l'endurance (notamment via des entraînements de type Hight Intensity Intervall Training (HIIT)) produirait un effet d'interférence sur le développement de la condition physique par rapport à des entraînements de force ou d’endurance seul chez des joueurs de sports d'équipe entraînés.

 

A-Force du bas du corps

La tendance des résultats actuels montre que le travail concomitant de force et d’endurance aurait un effet positif significatif léger par rapport au renforcement musculaire seul. Cela va à l'encontre du concept initial de l'effet dit « d'interférence », dans lequel Hickson a d'abord proposé que l'entraînement simultané réduis la capacité d'augmenter la force par rapport au renforcement seul.

Par conséquent, tout effet d'interférence relatif à l'entraînement simultané serait complexe à expliquer. À l’origine, on pensait que les réponses de signalisation moléculaire étaient incompatibles avec les régimes d'entraînement simultanés. En effet, l'activation d’une protéine kinase (activée par la 5′-adénosine monophosphate AMPK) induite par l’entraînement d’endurance, qui favorise la synthèse des protéines mitochondriales, la biogenèse et l'angiogenèse, inhibe la voie de « fabrication musculaire », qui stimule la synthèse des protéines myofibrillaires et donc l’hypertrophie.

Une étude récente provenant de Petré et ses collaborateurs (2021) s'est concentrée sur le statut d'entraînement des sujets. Il serait démontré que l'ajout de séances en endurance sur un programme de renforcement musculaire de force peut avoir un effet négatif chez les individus entraînés, mais pas chez les individus plus novices. En effet, lorsque des sujets modérément entraînés ou non entraînés participent à un programme d'entraînement simultané, la réponse aux deux modes d'exercice s’additionne et ces stimuli d'exercice induiront initialement une adaptation générale. Cependant, pour les athlètes entraînés qui possèdent déjà un haut niveau de force, il y a moins de place pour l'amélioration, car leur volume d'entraînement de routine est très important par rapport aux individus sédentaires ou modérément actifs.

Afin d’optimiser les capacités physiques et potentialiser les 2 modes d’entrainement sur 1 journée, un intervalle minimum de 3h peut être intéressant sans entrainer « d’interférence », selon la littérature actuelle (Lee et al., 2020).

 

B-Puissance du bas du corps

Des résultats inattendus sont apparus lors de la comparaison des résultats des études portant sur la puissance. Alors que la plupart des études suggéraient que l'entraînement simultané entraînait une interférence dans le développement de la puissance par rapport à l'entraînement simultané seul, cette affirmation n'a pas été confirmée par la littérature. Il a été montré qu'il n'y avait pas de différence significative entre l'entraînement simultané et l'entraînement de puissance seul dans l'adaptation de l'entraînement à la puissance du bas du corps des joueurs de sports d'équipe entraînés.

Cependant, certaines études indiquent que lorsque l'entraînement simultané est effectué à une fréquence élevée (six à dix séances d'entraînement par semaine), il interfère avec certains indicateurs du développement de la puissance et de l’explosivité, tel que le saut vertical par exemple. Il semble que le développement de la puissance soit plus sensible à l'effet d'interférence de l'entraînement simultané que celui de la force. Les auteurs supposeraient que des mécanismes neuromusculaires puissent l'expliquer, probablement par une réduction de l'amélioration de l'activation neurale volontaire rapide du muscle entraîné dû à la fatigue des séances d’entraînement.

 

C-Capacité aérobie

Dans le cas du développement des capacités physiques des athlètes pratiquant des sports collectifs, les données actuelles indiquent que le HIIT peut être plus efficace pour améliorer la capacité aérobique. En effet, ils semblent plus pertinents que les exercices d'endurance continus traditionnels d'intensité faible à modérée, de longue durée et de longue distance.

 

 

Les exercices de renforcement ciblant certains muscles clés de la course à pied (comme le triceps sural) et ciblant certaines caractéristiques physiques (comme la rigidité de l'unité muscle-tendon), est essentielle à l'amélioration de l'économie de course. Ainsi, l'augmentation de la rigidité de l'unité muscle-tendon et de la force contractile des membres inférieurs obtenue grâce à des programmes de renforcement semble être un facteur important contribuant à l'amélioration de l'économie de course.

L’entrainement simultané de renforcement et de développement aérobie, afin de développer les capacités aérobies, est donc plus que prouvé et reste crucial pour développer des capacités de course à pied les plus optimales.

 

 

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

À lire également :

 

 

Sources :

 

Kang, J., Ye, Z., Yin, X., Zhou, C., & Gong, B. (2022). Effects of Concurrent Strength and HIIT-Based Endurance Training on Physical Fitness in Trained Team Sports Players : A Systematic Review and Meta-Analysis.International Journal of Environmental Research and Public Health, 19(22). Aerticle sous Creative Common License CC BY 4.0

Petré, H., Hemmingsson, E., Rosdahl, H., & Psilander, N. (2021). Development of Maximal Dynamic Strength During Concurrent Resistance and Endurance Training in Untrained, Moderately Trained, and Trained Individuals : A Systematic Review and Meta-analysis.Sports Medicine, 51(5). Article sous Licence Creative Commons 4.0 CC BY

Lee, M. K. O., Ballantyne, J. S., Chagolla, J., Hopkins, W. D., Fyfe, J. J., Phillips, S. M., Bishop, D., & Bartlett, J. W. (2020). Order of same-day concurrent training influences some indices of power development, but not strength, lean mass, or aerobic fitness in healthy, moderately-active men after 9 weeks of training. Article sous Licence Creative Commons

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