Traumatismes et blessures au judo

Publié le : 21 août 2022 à 10h55

Article rédigé par Blandine MAUDHUIZON - MKDE

Le judo est un art martial japonais et un sport de combat basé sur la rencontre directe de deux adversaires, composé d'une combinaison de combats debout et au sol sans l'utilisation de techniques de frappe. C’est un sport olympique avec une grande complexité physique, technique et tactique qui s’est répandu dans le monde entier au cours des 50 dernières années.

Souza et al. ont rapporté que 49 % des blessures surviennent lors des compétitions, 43,60 % lors des entraînements et 3,7 % lors du conditionnement physique (1). En compétition, la résistance de l'adversaire joue un rôle biomécanique important, qui peut entraîner des blessures du fait de son imprévisibilité. Blessure sportive qui selon le Comité international olympique, est définie comme une lésion des tissus corporels résultant d'un sport ou d'un exercice physique.

 

En 2020, Blach et al. ont publié une étude afin d’évaluer la fréquence des blessures en compétition chez les judokas européens de haut niveau, afin de définir les facteurs de risque de ces blessures. Les données ont été recueillies auprès d'un groupe de 26 862 judokas de haut niveau (15 571 hommes et 11 291 femmes) âgés de 19 à 35 ans dans toutes les catégories de poids de judo participant à 128 tournois internationaux sous les auspices de l'Union européenne de judo, y compris les Championnats d'Europe de judo, dans la période entre 2005 et 2020.

Sur les 15 ans de suivi pendant lesquels l’étude a été menée, le taux de blessure a varié entre 12,3 % et 30 %. Il a été constaté que les blessures étaient plus fréquentes chez les athlètes féminines lors de compétitions, en particulier des blessures à aux membres supérieurs. De nombreuses blessures sont survenues également pendant les entraînements, mais cette étude a été conçue uniquement pour déterminer l'incidence des blessures lors de tournois. 

Les membres inférieurs se sont également montré être des zones à risque de blessure. Dans deux études sur les judokas de l'équipe olympique coréenne, le genou était fréquemment lésé et également 20 % des blessures survenaient au niveau du tronc, en particulier au niveau des vertèbres lombaires et thoraciques (2). Ces blessures sont survenues pendant l'entraînement, non pendant la compétition. 

Il a été constaté que 30 % des blessures se produisaient dans les membres inférieurs et 20,7 % des blessures au tronc et aux épaules combinées. Plus spécifiquement, les principales localisations anatomiques des blessures sont : le genou (17,4 %), l'épaule (15,7 %) et le coude (14,2 %). La plupart des blessures surviennent lors des combats debout, et les blessures au genou sont les plus courantes en judo en raison des changements rapides de direction, des chutes répétées et des contacts physiques constants.

 

Les mécanismes de blessure au judo sont liés aux techniques de lancer et d’accrochage. La préhension et la tentative de lancer de l'adversaire nécessitent un mouvement constant des membres supérieurs et surtout inférieurs. Cela nécessite un travail dynamique des membres inférieurs, qui changent constamment de position et de direction de mouvement. Par conséquent, le risque de lésions des tissus mous augmente, en particulier les lésions ligamentaires (48,15 % de toutes les blessures), suivies des lésions musculaires (11,38 %) (2).

En ce qui concerne les types de blessures, dans l’étude menée sur les 15 années, les contusions et les entorses ont été les blessures les plus fréquentes.

 

 

Dans l'ensemble, 42,2 % de toutes les blessures étaient des entorses et 23,1 % des contusions, sans différence statistiquement significative entre les sexes. 

Les entorses se sont produites principalement au niveau du genou, du coude et de la cheville, mais également à l'articulation acromio-claviculaire.

Le taux élevé d'entorses peut s'expliquer par des contacts directs, ou des chutes sur l'épaule avec l'utilisation du bras comme stabilisateur en abduction pour se défendre d'une attaque de lancer.

Les entorses du genou ou de la cheville sont probablement liées aux manœuvres de rotation nécessaires pour attaquer et défendre. 

 

Par ailleurs, la fracture a été un autre type de blessure importante observée. Dans l'étude de Frey et. al., les clavicules étaient l'os le plus fréquemment fracturé, souvent à la suite d'une chute directe sur l'épaule.

De plus, la fracture de la colonne cervicale est une préoccupation majeure, et peut survenir à la suite d'une hyperflexion ou d'une hyperextension de la colonne cervicale, ou à cause d'un traumatisme directou d'une charge axiale. Fort heureusement, ce type de blessure est rare, tout comme d’autres blessures potentiellement dangereuses telles que la commotion cérébrale (Pour en savoir plus sur ce sujet, voici un article que nous avons rédigé : Commotions cérébrales dans le monde du sport).

 

Concernant le taux d’incidence global des blessures, il n'y avait pas de différences statistiquement significatives dans la fréquence des blessures dans les différentes catégories de poids, à l'exception d'un taux de blessures élevé dans la catégorie de poids des femmes de moins de 52 kg.  En effet, les judokas légers semblent plus sujets aux blessures au coude et les judokas lourds à celles du genou

 

La plupart des judokas réduisent leur masse corporelle rapidement avant la compétition via une restriction hydrique, un sauna, des diurétiques ou une restriction alimentaire. Cette perte de poids rapide peut altérer leurs performances physiologiques et psychologiques. Ainsi, il est fortement conseillé aux judokas de ne pas perdre plus de 5% de masse corporelle avant une compétition, pourcentage au-delà duquel les athlètes s’exposeraient à un plus grand risque de blessure (2).

 

Conclusion

Globalement, l’incidence des blessures lors des tournois de judo de haut niveau en Europe au cours de la période 2005 à 2020 était de 2,5 %, avec une incidence des blessures graves de 0,5 %. Le judo est donc l'un des sports olympiques avec le taux de blessures le plus bas en compétition.

Le genou, l'épaule et le coude sont les emplacements anatomiques les plus sujets aux blessures. Concernant le type de blessure, ce sont les entorses qui sont les plus fréquentes. Par ailleurs, il n'y a pas de différence statistiquement significative entre les hommes et les femmes dans le taux global de blessures, bien que les femmes semblent avoir davantage de blessures au coude

Pour ce qui est des facteurs de risques, les blessures surviennent en raison d'interactions complexes et non linéaires entre plusieurs facteurs, comme l’indiquent Bittencourt et al. personne ne peut prédire à 100% la survenue d'une blessure lors d'un combat de judo. Cependant, il a été démontré que les blessures antérieures, la privation de sommeil, la charge d’entraînement et les conditions atmosphériques sont bien sûr des éléments qui affectent individuellement les performances de judo.

 

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

À lire également : 

 

Sources:

Błach, W., Smolders, P., Rydzik, Ł., Bikos, G., Maffulli, N., Malliaropoulos, N., Jagiełło, W., Maćkała, K., & Ambroży, T. (2021). Judo Injuries Frequency in Europe's Top-Level Competitions in the Period 2005-2020. Journal of clinical medicine, 10(4), 852. Article sous Creative Commons Attribution 4.0 International License (CC BY 4.0)

Blach, W., Smolders, P., Simenko, J., & Mackala, K. (2022). Diagnostics of tissue involved injury occurrence of top-level judokas during the competition: suggestion for prevention. PeerJ, 10, e13074. Article sous Creative Commons Attribution 4.0 International License (CC BY 4.0)

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