Commotions cérébrales dans le monde du sport

Publié le : 16 mars 2021 à 21h29

Article rédigé par Clément Boudot 

 

La déclaration du consensus de Berlin en 2017 sur les commotions cérébrales dans le sport propose un résumé global des meilleures pratiques en matière de prévention, de diagnostic et de gestion des commotions cérébrales. L’application du consensus de Berlin dans tous les sports est susceptible de faciliter le diagnostic, d’optimiser la prise en charge des sportifs et d’améliorer l’éducation en matière de commotions cérébrales.

Les commotions cérébrales sont majoritairement présentes dans les sports de contacts. L’incidence des commotions cérébrales est mesurée en « athlete exposure » (= AE). Un AE équivaut à un match ou un entraînement où l’athlète est exposé à un risque de blessure liée à son activité (ex. : 1 match = 1 AE). Lors des matchs officiels les joueurs de football américains de NFL ont une incidence de commotions cérébrales de 4,56/1000 AEs. (2)

Dans le rugby il est reporté une incidence de 7,97 commotions pour 1000 heures jouées pour les joueurs non professionnels. (2)

Dans les sports où il est possible de comparer les données entre les hommes et les femmes, il semblerait que les femmes ont une plus grande incidence de commotions que les hommes. Il semblerait toutes fois ne pas y avoir de différences entre les hommes et les femmes quant à la sévérité ainsi qu’à la conséquence des commotions. (2)

 

Diagnostic des commotions dans le sport

Un diagnostic précis peut contribuer à faciliter un rétablissement plus rapide, à réduire le risque de complications précoces ainsi qu’à éviter de nouvelles blessures à la tête et à l’appareil locomoteur.

Réaliser un diagnostic est difficile en raison de la présentation variée et parfois subtile des commotions cérébrales. La commotion cérébrale reste un diagnostic principalement clinique avec une absence de marqueur biologique.

La première étape du diagnostic consiste à identifier la cause de la blessure et à évaluer l’état de l’athlète.

 

Signes de commotion cérébrale et prise en charge

Un certain nombre de critères font référence à des signes visibles obligatoires ou arbitraires de commotion cérébrale, qui guide la conduite à tenir dans l’immédiat.

 

 

Les signes définis comme obligatoires et arbitraires peuvent différer suivant les sports, tout comme la ligne de conduite à suivre. Dans certains sports, les signes obligatoires indiquent la sortie immédiate du joueur alors que dans d’autres ils sont des indicateurs d’une évaluation obligatoire hors du terrain pouvant laisser place au retour de l’athlète sur le terrain.

Un signe obligatoire ou arbitraire combiné à un mécanisme de blessure impliquant un contact avec la tête augmente considérablement la probabilité d’un diagnostic de commotion cérébrale.

Il est possible de diagnostiquer une commotion cérébrale immédiatement. Cependant, en raison d’une présentation tardive de symptômes, l’exclusion d’un diagnostic de commotion cérébrale peut prendre jusqu’à 48 heures après la situation de blessure.

L’athlète "étourdi", qui présente des signes ou symptômes temporaires de très courte durée pourrait présenter un processus pathologique qui à l’avenir pourrait s’avérer transitoire et ne pas nécessairement refléter une commotion cérébrale. Dans ces cas, certains règles ont été mise en place indiquant un retrait temporaire du joueur suivi d’une évaluation et, quel que soit le résultat, l’examen devrait être poursuivi. En cas de doute, l’athlète ne doit pas retourner sur le terrain le jour même.

 

Gestion sur et autour du terrain de jeu

Lors d’une première évaluation sur ou au bord du terrain le questionnaire de Maddocks fait régulièrement partie de la première étape.


Questionnaire de Maddocks


Selon les protocoles des différents sports, l’évaluation du joueur peut être initié par un observateur vidéo, un médecin indépendant ou un officiel de match (comme dans le Top 14 par exemple).

 

Prise en charge immédiate dans les sports de loisirs 

Au niveau amateur, le CRT5 (disponible dans les sources) devrait être utilisé pour identifier les situations dans lesquelles les athlètes devraient être retirés du terrain en raison d’une éventuelle commotion cérébrale.

Le CRT5 est composé de 4 étapes, dont une étape dédiée à l’évaluation de la mémoire qui peut être altérée en cas de commotion cérébrale. Le CRT5 présente également les conduites à tenir pour le joueur présentant une suspicion de commotion cérébrale. Il informe aussi sur les signaux d’alerte, les signes visibles ainsi que les symptômes d’une commotion cérébrale.

Selon le consensus de Berlin, tout soupçon de commotion cérébrale doit entraîner l’exclusion de l’athlète du terrain. L’athlète ne doit pas reprendre le sport avant qu’une évaluation médicale appropriée ait été effectuée par un professionnel de santé. Une attention particulière est également portée sur la gestion des éventuelles blessures au rachis cervical, aux voies respiratoires ainsi qu’au visage.

 

Prise en charge immédiate chez les athlètes élites 

Chez les athlètes élites, la gestion immédiate des commotions cérébrales diffère du monde amateur.

Si l’évaluation sur le terrain suggère une commotion cérébrale, une évaluation plus approfondie hors du terrain dans une zone privée et sans distraction doit suivre.

Cette évaluation doit être basée sur le SCAT5 (disponible dans les sources). Les règlements des sports de contact doivent prévoir un minimum de 10 minutes pour effectuer cette évaluation. Des modifications au SCAT5 peuvent être nécessaires pour reproduire plus fidèlement les conditions spécifiques du sport.

Le SCAT5 est un outil créé pour les professionnelles de santé composée de 6 étapes. Il permet de guider la prise de décision quant à l’aptitude ou non du joueur à jouer après une suspicion de commotion cérébrale. Il contient 2 parties, une première pour l’évaluation immédiate et une deuxième partie pour l’évaluation lors de la sortie du terrain de l’athlète.

Lorsque le règlement ne facilite pas un processus approprié d’évaluation des commotions cérébrales, il convient d’encourager une modification des règles du sport afin d’améliorer la santé et la sécurité des athlètes. Cela a été réalisé dans plusieurs règlements comme le football américain ou le rugby en TOP14.

 

Recommendations pour le return to play (= RTP)

Le moment du RTP est souvent primordial pour les athlètes, les entraîneurs. Les cliniciens doivent relever le défi d’aider l’athlète à revenir au bon moment, sans compromettre sa santé ou ses performances.

À tous les niveaux de participation, un athlète chez qui on a diagnostiqué une commotion cérébrale ne devrait pas être autorisé à reprendre le sport le jour où la commotion est survenue.

Tous les athlètes ayant reçu un diagnostic de commotion cérébrale doivent subir des évaluations cliniques dans les jours qui suivent la blessure afin de surveiller son évolution.

Les athlètes élites, retirés du terrain avec une suspicion de commotion cérébrale, mais qui ne sont pas diagnostiqués comme ayant une commotion cérébrale suite à une évaluation multidimensionnelle basée sur le SCAT5, peuvent quant à eux revenir au jeu.

Même si aucun diagnostic de commotion cérébrale n’a été posé, les athlètes retirés du terrain en raison d’une suspicion de commotion cérébrale doivent quand même subir une réévaluation au maximum 48 heures après avoir été retirés du terrain en raison de la possibilité d’une apparition tardive des symptômes.

Pour l’athlète chez qui un diagnostic de commotion cérébrale a été établi, la surveillance doit se poursuivre à intervalles réguliers jusqu’à ce que l’athlète soit autorisé à reprendre le sport.

Les athlètes doivent suivre un protocole de retour progressif au sport avant de reprendre le sport sans restrictions. Ce processus prend généralement 7 jours, bien que ce délai soit variable en raison de facteurs spécifiques à l’athlète (somme les antécédents, gravité des symptômes initiaux, âge,…) et que cet intervalle de temps ne soit pas fondé sur des preuves solides. L’athlète doit avoir été exposé à des exercices de haute intensité avant d’être autorisé à pratiquer un sport sans restriction.

Une approche plus conservatrice du retour au sport devrait être adoptée avec la population pédiatrique. Les enfants ne devraient pas être autorisés à reprendre le sport sans restriction en moins de 7 jours, plusieurs organisations imposant des périodes plus longues pour cette tranche d’âge.

L’INESSS (Institut National d’Excellence en Santé et Services Sociaux du Québec) a réalisé un schéma afin de visualiser les différentes étapes qui mènent au RTP de l’athlète. Il est préconisé de passer 1 étape par jour.


Crédit image :
INESSS.qc.ca

 

Les experts s’accordent à dire que les athlètes professionnels soutenus par des structures de soins avancées peuvent revenir un peu plus rapidement que les athlètes non professionnels. Ceci est possible dans les cas où les symptômes initiaux disparaissent rapidement et où une évaluation médicale et neuropsychologique approfondie peut être effectuée par des cliniciens expérimentés.

Certains établissements de santé permettent d’accélérer le temps de retour au jeu si les conditions citées ci-dessus sont réunies.

Les tests neuropsychologiques sont un complément utile à l’évaluation médicale des commotions cérébrales. Les tests neuropsychologiques effectués par un neuropsychologue sont la référence :

  • Lorsqu’un retour accéléré au sport (<7 jours) est prévu ;
  • En cas de récupération lente (>1 mois) ;
  • Dans les cas complexes (par exemple, les athlètes ayant des antécédents de commotions multiples) ;
  • Pour les athlètes présentant des comorbidités préexistantes (par exemple, psychologiques/psychiatriques) ;
  • Dans les décisions concernant l’arrêt d’une saison ou de la carrière d’un athlète.

 

Nouvelle technologie 


 

Crédit image : https://www.lerugbynistere.fr/photos/620_px/npro-21-11-19-8486.jpg

 

Le casque N-pro est un casque de rugby permettant de réduire l’impact de la force G transférée à la tête d’un joueur. Le casque protège les régions occipitales, pariétales, temporale, frontale, mastoïde et sphénoïdes en dissipant l’énergie du choc sur le site d’impact (coup), ce qui permet de réduire l’incidence des lésions tissulaires sur les sites du coup et du contrecoup.

Le casque absorbe l’énergie reçue par le coup grâce à la technologie Defentex. Il permet de réduire la force du coup de 75 % par rapport aux autres casques du marché.

 

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

Sources :

(1) Patricios JS, Ardern CL, Hislop MD, et al Implementation of the 2017 Berlin Concussion in Sport Group Consensus Statement in contact and collision sports: a joint position statement from 11 national and international sports organisations British Journal of Sports Medicine 2018;52:635-641. Article sous Creative Commons Attribution Non Commercial (CC BY-NC 4.0) license.

(2) Clay, M. B., Glover, K. L., & Lowe, D. T. (2013). Epidemiology of concussion in sport: a literature review. Journal of chiropractic medicine12(4), 230–251.

Scat 5 

CRT5

Source Infographie

 

 

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