Épidémiologie et facteurs de risque de lésions de type « stress osseux » chez des athlètes adolescents

Publié le : 12 juin 2021 à 14h20

Article rédigé par Thibaut Garçon

 

Les lésions de type stress osseux sont généralement associées à une surcharge du squelette dans le cadre d'une activité sportive de loisir ou professionnelle. La principale conséquence négative des lésions osseuses est la perte de temps d'entraînement et de compétition qui, au niveau de l'élite junior (plus précisément, avant l'âge de 20 ans), peut avoir de profondes répercussions sur les opportunités professionnelles (signature de contrat, passage dans un groupe sénior professionnel…).

L'expression « lésion due au stress osseux » englobe toute une série de perturbations du tissu osseux résultant d'une charge répétitive prolongée, allant de pathologie comme la périostite ou « syndrome du stress tibial médian » (inflammation du périoste) à la fracture de fatigue partielle ou complète, en passant par l'œdème périostique, endostique et du tissu osseux (inflammation du revêtement osseux ou du tissu osseux cortical lui-même). Les fractures de fatigue peuvent donc être définies comme étant des faiblesses structurelles de l'os survenant en réponse à l'application répétée de contraintes inférieures au seuil de la fracture complète.

 

 

Épidémiologie

La prévalence des fractures de stress chez les sportifs serait de 10 %, mais les rapports d'incidence à l'adolescence varient entre 0,8 et 19 %. Les adolescents peuvent être plus exposés aux lésions osseuses de stress que les jeunes adultes, les 15-19 ans représentant la plus grande proportion de la population sportive touchée (42,6 %). De plus, les taux de récidive peuvent atteindre 21 % dans le sport collégial (sport de type NCAA aux états unis), d'où l'importance de la gestion des facteurs de risque dans cette tranche d’âge là.

 

Sites communément touchés

Chez les athlètes de moins de 20 ans, 77 % des fractures de stress se produiraient au niveau du membre inférieur. De plus il a été rapporté que les fractures de stress, se produisaient le plus souvent au niveau de la jambe (40,3 %), du pied (34,9 %) et de colonne lombaire ou du bassin (15,2 %). Ce type de lésions au niveau des membres supérieurs et de la région du thorax reste relativement rare. Il est possible que ce schéma de prévalence soit caractéristique du sport pratiqué plutôt qu'une prédisposition des os des membres inférieurs aux lésions osseuses.

 

Les lésions osseuses du tibia se produisent principalement dans les sports qui comprennent des sauts/atterrissages répétitifs (comme des sports tels que le basket-ball, la gymnastique par et la course à pied par exemple. La localisation la plus fréquente est celle des deux tiers distaux du tibia, plus précisément à la jonction des tiers médian et distal, ce qui correspond à la section transversale la plus étroite du tibia et au site probablement le plus exposé aux contraintes les plus importantes pendant la charge de travail de type course à pied/saut.

 

Les sports spécifiques aux lésions de type stress osseux

Les fractures de fatigue liées à la course peuvent représenter jusqu'à 50 % des lésions osseuses chez les athlètes de moins de 20 ans. Outre la course à pied, les autres activités qui provoquent des fractures de stress sont le lancer (7,7 %), le saut (6,7 %), les sports de contact à « coup de pied » (3,8 %) et la frappe d'un ballon (3,4 %). De nombreux sports impliquent une combinaison de course et de contacts ou de course et de saut, ce qui rend difficile la différenciation d'un facteur spécifique.

Les athlètes pratiquant des sports « de balle » ont généralement une masse osseuse supérieure à la moyenne, et les personnes ayant participé à ces sports à l'adolescence semblent être protégées contre les fractures de stress lors d'activités sportives futures. Cependant, la pratique des sports de balle implique une quantité de course considérable et peut donc être associée à l'incidence des fractures de stress chez les athlètes adolescents au moment de leur participation. Les lycéennes pratiquant des sports tels que le football, le volley-ball et le basket-ball semblent connaître une incidence plus élevée de lésions osseuses que leurs homologues masculins, en particulier au niveau de la colonne lombaire et des membres inférieurs.

L'incidence de lésions osseuses dans la gymnastique (10 %) peut être encore plus élevée que dans les sports d'endurance (comme la course à pied : 8 %). La progression des gymnastes et des patineurs artistiques vers la compétition d'élite (niveau olympique) pendant l'adolescence entraîne probablement des charges d'entraînement plus élevées à des âges plus jeunes que dans d'autres sports, ce qui peut expliquer en partie la prévalence plus élevée des blessures dans d’autres catégories de sport chez ces jeunes athlètes.


 

Facteurs de risque

Un changement (type, intensité, surface, équipement) dans l'entraînement est le précurseur le plus courant des lésions osseuses. Une période particulièrement intense d'augmentation ou de modification de la charge ou un repos inadéquat prédispose aux blessures pendant la « fenêtre de temps » entre les phases de résorption et de formation osseuses du remodelage du tissu osseux. Un nombre élevé d'heures d'entraînement hebdomadaire peut également exposer un athlète à un risque accru de blessure en raison de l'accumulation de microdommages liés à la charge. La charge d'entraînement décrit la relation entre le volume d'entraînement (temps) et l'intensité de l'entraînement (demande physiologique). Une augmentation du volume et/ou de l'intensité aura donc une incidence sur le risque de ce type de pathologie osseuse.

On a observé que les coureurs adolescents de sexe masculin avaient une densité minérale osseuse de la colonne vertébrale plus faible s'ils avaient également des antécédents de fracture de stress, en particulier au niveau des sites osseux trabéculaires (zone de transition entre l'épiphyse et la diaphyse de l’os, où il forme un système de lamelles osseuses irrégulières et fragiles). Une faible densité minérale osseuse de la colonne vertébrale et du corps entier a été trouvée respectivement chez 40 % et 75 % des athlètes féminines adolescentes présentant une fracture de stress.

Des changements biomécaniques de la mobilité du pied ou du membre inférieur ont été associés à un risque accru de lésion sur la zone du tibial, par exemple une pronation excessive du pied, une inégalité de longueur des jambes, l'augmentation de l'amplitude de mouvement interne de la hanche et l'angle Q (alignement hanche-genou). Nous vous conseillons de lire notre article « La périostite et ses enjeux en rééducation (2021) » pour des informations complémentaires. Les adultes présentant une morphologie osseuse plus courte et une largeur corticale plus étroite sont plus exposés aux lésions de stress osseux tibial, mais on ne sait pas si une relation similaire existe chez les athlètes adolescents.

Il existe d’autres facteurs de risque à prendre en considération que nous vous avons résumée dans le tableau ci-après (en addition à ceux déjà expliqués précédemment).

 

  

Crédits : Drysdale et ses collaborateurs (2021), adapté par NeuroXtrain

 

Conclusion

Il ne fait aucun doute que l'approche de référence pour gérer les lésions de type stress osseux chez les athlètes adolescents est la prévention, et dans ce cadre, plusieurs facteurs modifiables peuvent être abordés pour réduire le risque. Une approche multidisciplinaire devrait inclure :

  • L'amélioration du développement osseux par un volume d’entraînement ciblé tout au long de l'enfance (en maximisant la variété de la charge et en utilisant un entraînement de résistance et d'impact).
  • La gestion de la charge d'entraînement avec des augmentations graduelles de l'intensité et des périodes de repos.
  • L’optimisation de l'équilibre énergétique.
  • Supplémentation en calcium et de vitamine D.
  • La correction des anomalies biomécaniques et cinématiques.
  • L’encouragement de la diversité de la pratique sportive (en minimisant la spécialisation sportive).

En outre, la sensibilisation des entraîneurs et des athlètes à des questions telles que le déficit énergétique relatif dans le sport, les avantages de la diversité de l'entraînement et les conseils psychologiques permettront d'optimiser la capacité d'un athlète adolescent à éviter les lésions dues au stress osseux ou à s'en remettre efficacement.

 

Nouvelle technologie - Tapis de course Alter G


Crédits: alterg.com 

Le dispositif de tapis de course Alter G est un équipement d’allègement permettant un entraînement ou une rééducation avec une réduction du poids corporel tout en maintenant le fonctionnement normal et mécanique de la course ou de la marche.

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Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

Sources

(1) Beck, B., & Drysdale, L. (2021). Risk Factors, Diagnosis and Management of Bone Stress Injuries in Adolescent Athletes : A Narrative Review. Sports, 9(4), 52 - Article sous License Creative Commons CC-BY 4.0

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