Retour au sport après une entorse latérale de cheville

Publié le : 3 janvier 2021 à 10h18

Articl rédigé par Clément Boudot

 

Les sports de contact sont associés à un taux élevé de blessures, tant au niveau professionnel qu’amateur. Les entorses latérales de chevilles n’échappent pas à la règle. Les blessures aux chevilles sont de nos jours le quatrième type de blessures le plus fréquent dans le football professionnel. Ils sont précédés par les blessures au genou, aux ischio-jambiers et les blessures aux mollets.

Des taux plus élevés d’entorses de la cheville ont été signalés principalement chez les athlètes plus âgés, au niveau de la jambe dominante, lors de matchs et plus précisément à la fin de chaque mi-temps. Environ 60 % de toutes les entorses de la cheville chez les athlètes sont le résultat d’un traumatisme direct ou d’un contact direct ou indirect. Le taux de récidive d’entorse de la cheville dans les sports de contact se situerait entre 4 et 29 %.

Les entorses de chevilles représentent 68 % de toutes les blessures au niveau de la cheville et l’incidence des entorses de cheville est d’environ 0,7/1000H joué. Au total sur une saison, une équipe professionnelle de football composée de 25 joueurs va recenser entre 4 et 5 entorses de chevilles.
Pour le temps d’absence moyen hors des terrains, cela représente entre 16 et 24 jours pour chaque entorse de la cheville. Pour les entorses de cheville les plus sévères, ce nombre moyen s’élève à environ 28 jours d’absence.

Au total, 83 à 89 % des entorses de cheville nécessitent moins de 4 semaines d’inactivité pour les athlètes, ce qui suggère que l’incidence et la récurrence sont plus problématiques que la gravité des entorses.

 

Diagnostique

Les règles d’Ottawa concernant la cheville permettent d’écarter les suspicions de fractures de la cheville après une entorse et ont une sensibilité proche de 100 %. Elles permettent de déterminer si des clichés radiographiques sont à réaliser dans l’évaluation d’une entorse aiguë de la cheville.

Règle d’Ottawa : une série de radiographies est demandée si une douleur dans la zone malléolaire est présente ainsi qu’un ou tous les points suivants :

  • Douleur à la palpation dans les 6 cm distaux de la malléole externe et/ou interne,
  • Impossibilité de réaliser 4 pas soit immédiatement après le traumatisme, soit durant de l’examen.


Des clichés radios peuvent être demandés si une douleur dans la zone du moyen pied est ressenti ainsi qu’un ou tous les points suivants :

  • Une douleur à la palpation au niveau du naviculaire,
  • Une douleur au niveau du 5e métatarse,
  • Impossibilité de réaliser 4 pas soit immédiatement après le traumatisme, soit durant de l’examen.

Crédits: static.fake.com

 

Lors du diagnostic, l’entorse de cheville est classée en trois différents grades.

Les entorses de grade I (légères) comprennent l’étirement des fibres ligamentaires sans rupture macroscopique. On observe un léger gonflement et une sensibilité lors de la palpation, pratiquement aucune perte fonctionnelle et aucune instabilité accrue.

Les entorses de grade II (modérées) comprennent une déchirure ligamentaire partielle avec douleur modérée, un gonflement et une sensibilité lors de la palpation. Une instabilité légère à modérée et une incapacité fonctionnelle modérée.

Dans les entorses de grade III (graves), une rupture complète du ligament et de la capsule articulaire est présente, associée à des ecchymoses, des gonflements et des douleurs sévères. Une perte de fonction importante et une instabilité accrue y sont associées. L’athlète est incapable de supporter son poids et de marcher normalement.

 

Return-to-play (RTP)

Le RTP selon le consensus international de 2016 doit être effectué en trois phases.

 

  1. Retour à la participation sportive : l’athlète est acteur de sa rééducation et peut participer aux entrainements (adaptés ou non adaptés), mais à un niveau inférieur à celui pré-blessure.
  2. Retour au sport : l’athlète retourne à son sport, mais pas à son niveau pré-blessure. Chez certains athlètes, Chez certains athlètes retourner au sport sans attente particulières de performance suffit et est un motif de réussite.

  3. Retour à la performance : c’est le prolongement de l’étape précédente. L’athlète a progressivement repris les entrainements aux mêmes niveaux d’intensité pré-blessure.

 

Un consensus composé d’avis experts a donné 8 considérations pour le RTP d’un athlète blessé :

 

  • Rétablissement des fonctions spécifiques au sport du site lésé.
  • Rétablissement des fonctions musculo-squelettiques, cardio-pulmonaires et psychologiques, ainsi que de l’état de santé général de l’athlète blessé ou malade.
  • Rétablissement des compétences spécifiques au sport.
  • Capacité de jouer en toute sécurité malgré les adaptations engendrées par la blessure.
  • Guérison d’une maladie aiguë ou chronique ainsi que de ses sé
  • Préparation psychosociale.
  • L’athlète ne pose aucun risque excessif pour lui-même ou pour la sécurité des autres participants (ex : un retour trop précoce au rugby avec un plâtre peut être dangereux pour la guérison de la fracture et pour les adversaires).
  • La conformité aux réglementations et législations fédérales, de l’état ainsi que des autorités locales.

 

Après une entorse latérale de la cheville, il est difficile de prévoir avec précision quand l’athlète pourra reprendre le sport. De plus, les gênes résiduelles des entorses de cheville sont souvent dus à un programme de rééducation inadéquat et/ou à un retour trop précoce au sport.

 

Le temps, un indicateur fiable pour le RTP ?

Le temps nécessaire pour le RTP d’une entorse latérale de la cheville dépend de plusieurs facteurs, dont la gravité de la blessure, les capacités de l’athlète et les possibilités de rééducation.

Cependant il reste à savoir si le staff peut se baser exclusivement sur la variable du temps pour définir/prédire le RTP d’un athlète. Historiquement une fois les entorses de chevilles classées par grade (comme vu précédemment) les praticiens avaient des recommandations pour déterminer quand les athlètes peuvent retourner jouer. Cependant ce modèle basé exclusivement sur le temps fut confronté à de récentes études où 95 % des athlètes revenaient au jeu dans les 10 jours suivant leur première entorse de cheville, alors qu’ils présentaient toujours des séquelles à la cheville au moment du RTP (qui était en moyenne de 12 jours). Les athlètes avaient notamment une laxité ligamentaire accrue de la cheville, une réduction de la fonction par évaluation subjective, une réduction de l’amplitude de la dorsiflexion ainsi qu’une altération de l’équilibre postural dynamique.

Comme évoqué précédemment, nous constatons le temps n’est pas un indicateur fiable pour la reprise du sport suite à une entorse de cheville. Il dépend fortement des capacités physique pré-blessure de l’athlète, ainsi que du grade de la blessure. Il ne devrait pas être l’une des priorités à prendre en compte dans la décision de RTP de l’athlète. Malgré le manque de critère objectif validé scientifiquement il est préférable d’utiliser tout au long de la rééducation des tests fonctionnels pour évaluer l’avancer de cette dernière plutôt que de se baser sur le temps depuis la blessure.

 

 

Quid des tests fonctionnels ?

La littérature actuelle manque de critères formels pour aider à la décision de reprise du sport pour les athlètes ayant une entorse latérale de cheville. Lorsque l’on juge un athlète apte à reprendre ces activités sportives, toutes les limitations fonctionnelles résultant de la lésion doivent être restaurées et la condition cardiovasculaire doit être égale ou supérieure à la condition physique pré-blessure. L’athlète ou les membres du staff médical ne doivent pas avoir d’appréhension quant à la sécurité du RTP de l’athlète.

Le processus de RTP sera progressif, et des données objectives sont nécessaires pour évaluer la capacité de l’athlète à passer à la phase de rééducation suivante. Bien que les questionnaires sur la cheville (par exemple le Foot and Ankle Outcome Score) ne soient pas validés pour les décisions de RTP, ils peuvent être utiles pour évaluer l’efficacité du protocole de rééducation. De plus, l’utilisation de tests de performance fonctionnelle est considérée comme utile pour évaluer la capacité de l’athlète à effectuer des tâches spécifiques au sport pratiqué.

Les tests peuvent passer de tâches relativement simples (comme le test d’équilibre sur une jambe) à des tâches plus complexes (comme le Star Excursion Balance Test, le Y-balance test, ainsi que le agility T-test). Les résultats de ces tests doivent être évalués tout au long de la rééducation, ce qui permet de quantifier les progrès et de les comparer au niveau pré-blessure ainsi qu’au côté sain.

Plusieurs tests fonctionnels permettent de prédire les blessures à la cheville chez les sportifs sains, l’utilisation de ces tests dans la décision de RTP des sportifs ayant une entorse latérale de la cheville doit cependant encore être validée. Un score minimal au test fonctionnel, pour la décision de RTP, d’environ 90 % du score pré-blessure ou par rapport au côté controlatéral à la blessure a été conseillé, mais des recherches plus approfondies sont nécessaires.

Il faudra aussi être vigilant à l’acute/chronic workload ratio lors de la reprise du sport de l’athlète. En effet lors de la blessure, la charge chronique du sportif va diminuer. Ainsi une reprise trop rapide va engendrer une charge aigüe trop importante par rapport à la charge chronique de l’athlète et le prédisposer à des pathologies de surcharge.

 

L’importance des facteurs psychosociaux dans la décision de RTP ?

Les athlètes qui font preuve d’appréhension, de peur ou d’anxiété courent un risque beaucoup plus élevé de se blesser à nouveau, de plus cela a souvent un effet néfaste sur les performances sportives.

Malgré un manque de relation directe entre facteurs psychosociaux et RTP après une entorse latérale de cheville, il est admis que l’appréhension du sportif à revenir au jeu et à la performance à un rôle déterminant dans la réussite ou non du RTP. « Trait Sport Confidence Inventory », « State Sport Confidence Inventory », et « The Injury-Psychological Readiness to Return to Sport Scale » sont des outils qui peuvent permettre de mettre en évidence une appréhension de l’athlète pour revenir sur le terrain.

L’évaluation de l’état psychologique de l’athlète quant à la reprise du jeu peut se baser sur le modèle de Creighton et al. qui est composé de 3 étapes pour prendre une décision quant à la reprise ou non du sport de l’athlète.

  • La première étape consiste à évaluer l’état de santé de l’athlète à travers les facteurs médicaux comme les tests laboratoires ou les signes radiographiques.
  • La deuxième étape considère les risques associés à la reprise du sport qui par exemple prend en compte la position de l’athlète sur le terrain ou encore le niveau de compétition.
  • La troisième étape consiste à évaluer les facteurs non médicaux qui peuvent influencer le retour à la compétition comme la pression médiatique, l’approche d’une compétition importante, etc.

 

Nouvelle technologie 

Le Game Ready® GRPro® 2.1 est un appareil doté de la technologie innovante et brevetée ACCEL® (Active Compression and Cold Exchange Loop) destiné à accélérer le processus de guérison ou à faciliter la récupération des athlètes. Cette technologie établit une nouvelle norme de traitement tirant profit de la synergie de la cryothérapie et de la compression active à travers un système inédit.  Sa facilité de transport peut en faire un outil de choix notamment pour les déplacements.

 

Crédits: gameready.fr

Crédits: gameready.fr

 

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

Sources :

D’Hooghe, P., Cruz, F., & Alkhelaifi, K. (2020). Return to Play After a Lateral Ligament Ankle Sprain. Current reviews in musculoskeletal medicine, 13(3), 281–288. Article sous Creative Commons Attribution 4.0 International License.

Waldén, M., Hägglund, M., & Ekstrand, J. (2013). Time-trends and circumstances surrounding ankle injuries in men’s professional football: an 11-year follow-up of the UEFA Champions League injury study. British journal of sports medicine, 47(12), 748–753.: https://www.researchgate.net/publication/243969479_Time-trends_and_circumstances_surrounding_ankle_injuries_in_men’s_professional_football_An_11-year_follow-up_of_the_UEFA_Champions_League_injury_study

The team physician and return-to-play issues: a consensus statement. (2002). Medicine and science in sports and exercise, 34(7), 1212–1214.

Ardern, C. L., Glasgow, P., Schneiders, A., Witvrouw, E., Clarsen, B., Cools, A., Gojanovic, B., Griffin, S., Khan, K. M., Moksnes, H., Mutch, S. A., Phillips, N., Reurink, G., Sadler, R., Silbernagel, K. G., Thorborg, K., Wangensteen, A., Wilk, K. E., & Bizzini, M. (2016). 2016 Consensus statement on return to sport from the First World Congress in Sports Physical Therapy, Bern. British journal of sports medicine, 50(14), 853–864.

Tassignon, B., Verschueren, J., Delahunt, E., Smith, M., Vicenzino, B., Verhagen, E., & Meeusen, R. (2019). Criteria-Based Return to Sport Decision-Making Following Lateral Ankle Sprain Injury: a Systematic Review and Narrative Synthesis. Sports medicine (Auckland, N.Z.), 49(4), 601–619.

Clanton, T. O., Matheny, L. M., Jarvis, H. C., & Jeronimus, A. B. (2012). Return to play in athletes following ankle injuries. Sports health, 4(6), 471–474.

Creighton, D. W., Shrier, I., Shultz, R., Meeuwisse, W. H., & Matheson, G. O. (2010). Return-to-play in sport: a decision-based model. Clinical journal of sport medicine: official journal of the Canadian Academy of Sport Medicine, 20(5), 379–385.

Lien web: https://www.gameready.fr/grpro/

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