Douleurs sacro-iliaques : explication et traitement

Publié le : 28 février 2024 à 09h11

Article rédigé par Bandine MAUDHUIZON - MKDE 

Description

Un quart des lombalgies auraient pour origine l’articulation sacro-iliaque. Ces douleurs peuvent survenir à la suite d’un traumatisme, d’un stress répétitif, d’une chirurgie du rachis, ou encore d’une grossesse.

Anatomie

Les articulations sacro-iliaques sont généralement considérées comme des articulations synoviales mais peuvent également être classées comme articulation diarthrose-amphiarthrose.

La surface sacrée est recouverte de cartilage hyalin et la surface iliaque de fibrocartilage.

L’articulation est soutenue et renforcée par une capsule fibreuse très dense avec plusieurs structures ligamentaires :

  • Le ligament sacro-iliaque antérieur (faisceau crânien limitant l’abaissement du promontoire et le faisceau caudal limitant la remontée du coccyx lors du mouvement)
  • Le ligament sacro-iliaque inter-osseux
  • Le ligament sacro-iliaque dorsal (sur un plan superficiel avec quatre faisceaux)
  • Le ligament ilio-lombaire, en deux faisceaux, qui verrouillent également l’articulation

Il existe également deux autres ligaments, accessoires : le ligament sacro-tubéreux et le ligament sacro-épineux (ceux-ci n’ont pas un rôle majeur dans la stabilisation de l’articulation)

Les muscles contribuent également à la stabilité de cette articulation (le grand dorsal via le fascia thoraco-lombaire, le grand fessier et le piriforme notamment)

L’innervation antérieure de l’articulation provient des branches ventrales des racines nerveuses L5-S2, tandis que les branches latérales des branches dorsales S1-S4 innervent la partie postérieure.

La superficie de l’articulation est d’environ 17.5cm, ce qui fait d’elle la plus grande du corps.

Pourtant, cette articulation est relativement peu mobile, sa fonction principale étant de transférer le poids entre les membres inférieurs et le squelette axial. La nutation correspond au déplacement postérieur de l’extrémité distale du sacrum (ce mouvement est favorisé par la flexion des hanches). A contrario, la contre-nutation est l’avancement de l’extrémité distale du sacrum, favorisée par l’extension des hanches. La valeur angulaire du déplacement va de 0° à 12°.

Mobilité de la sacro-iliaque : schéma adapté et traduit par NeuroXtrain

 

Etiologie

  • Les causes possibles d’apparition de douleurs articulaires sacro-iliaques peuvent donc être traumatiques (suite à une chute ou un accident de voiture) ou atraumatiques (torsion soudaine ou répétée de charges lourdes; grossesse : d’éventuelles douleurs pendant la grossesse en raison de la prise de poids, l’augmentation de la lordose lombaire et la laxité ligamentaire liée à l’imprégnation hormonale ; mais également douleurs potentielles liées à l’accouchement)

 

 

Épidémiologie

La majorité des douleurs sacro-iliaques touche la population adulte, bien qu’il y ait deux pics :

  • L’un résulte d’une blessure sportive chez les plus jeunes, ou une grossesse
  • L’autre correspondant à une population plus âgée, suite à une dégénérescence.

 

Diagnostic et évaluation

Il est primordial d’effectuer une anamnèse précise, et d’identifier un évènement déclencheur (dans le cas échéant). L’évènement déclencheur permet de différencier la douleur provenant de l’articulation sacro-iliaque de la douleur facetogène ou discogénique. Ces dernières ont tendance à apparaître insidieusement, contrairement aux douleurs sacro-iliaques plus souvent suite à un évènement identifiable. Les patients avec des douleurs sacro-iliaques se plaignent généralement de douleurs profondes, s’étendant vers l’arrière de la cuisse jusqu’au genou (ce qui peut ressembler à une douleur radiculaire et être diagnostiqué à tort). En effet, la symptomatologie est parfois très proche d’autres pathologies du rachis.

Les positions les plus inconfortables sont principalement la station assise, ou la position allongée sur le côté ipsilatéral.

L’examen physique doit faire partie intégrante de l’évaluation globale, permettant d’exclure tout autre pathologie. Il est donc recommandé d’évaluer l’amplitude des mouvements, la sensibilité, la force musculaire et d’effectuer un examen neurologique.

En regard des tests cliniques, il n’existe pas de test unique à la fois sensible et spécifique pour identifier le dysfonctionnement de l’articulation sacro-iliaque. Pour autant, la précision du diagnostic est augmentée lorsqu’au moins trois tests sont positifs parmi ces tests de provocation du cluster de Laslett :

  • Test de FABER : le patient est en décubitus dorsal, la manœuvre consiste à fléchir le membre inférieur à évaluer, puis ajouter une rotation externe de hanche avec une abduction pour reposer la malléole latérale à proximité de la patella controlatérale. L’examinateur doit exercer un contre-appui au niveau de l’épine iliaque antéro-supérieure controlatérale. Une reproduction de la douleur dans la zone sacro-iliaque est considérée comme positive. Si le sujet ressent une douleur à la hanche ou dans l’aine, il est préférable de s’orienter vers une pathologie de la hanche.
  • Test de distraction : le patient est en décubitus dorsal, l’examinateur applique une force sur les deux épines iliaques antéro-supérieures
  • Thigh thrust : le patient est en décubitus dorsal, le membre inférieur à tester est amené à 90° de flexion de hanche, puis l’examinateur applique une pression dans l’axe du fémur avec un contre-appui de la main opposée en regard de la face postérieure du sacrum, induisant une force de cisaillement de l’articulation sacro-iliaque ipsilatérale.
  • Compression latérale : le patient est en décubitus latéral, une force de compression est dirigée vers le bas, partant du bord supérieur de la crête iliaque en direction de la crête iliaque opposée.
  • Sacral thrust: le patient est en décubitus ventral, l’examinateur exerce une force vers le bas au centre du sacrum.

 

 

L'évaluation clinique peut être appuyée par des examens radiologiques complémentaires (radiographies, IRM, tomodensitométrie ou tomographie). Le scanner et l'IRM n'ont aucune valeur diagnostique des douleurs micro-traumatiques de l’articulation sacro-iliaque, mais ils sont obligatoires pour exclure une maladie inflammatoire.

 

Traitement et prévention

Le traitement conservateur a pour objectif de stabiliser et renforcer la zone. Il faut donc à la fois inclure des étirements pour gagner en mobilité, mais aussi retrouver la force et stabilité via un renforcement des muscles centraux et fessiers.

Si un mécanisme déclencheur a été identifié, il est primordial de conseiller le patient sur l’adaptation et la modification de l’activité en question.

Les douleurs induites par la grossesse sont généralement spontanément résolutives et disparaissent dans les 12 mois post-partum. En cas de persistance de symptômes, il est indispensable refaire un point médical concernant l’évolution de la pathologie et d’identifier des axes de travail et de progrès.

En traitement interventionnel, la thermolyse des branches sensorielles postérieures semble avoir montré une certaine efficacité qui peut s’estomper avec le temps (1). Les cas persistants peuvent bénéficier d’unearthrodèse mini-invasive avec un bon taux de réussite.

 

Diagnostics différentiels :

  • Pathologies d’origine thoraco-lombaire
  • Dysfonctionnement des organes pelviens
  • Arthropathie facettaire
  • Spondylarthrite ankylosante
  • Tendinopathie du moyen fessier
  • Syndrome de la bandelette ilio-tibiale
  • Radiculopathie lombo-sacrée

 

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

À lire également :

 

Sources :

  1. Le Huec, J. C., Bourret, S., Thompson, W., Daulouede, C., & Cloché, T. (2020). A painful unknown: sacroiliac joint diagnosis and treatment. EFORT open reviews5(10), 691–698. Article sous Creative Common Licence CC BY NC 4.0
  2. Lee, A., Gupta, M., Boyinepally, K., Stokey, P. J., & Ebraheim, N. A. (2022). Sacroiliitis: A Review on Anatomy, Diagnosis, and Treatment. Advances in orthopedics2022, 3283296. Article sous Creative Common Licence

MAUDHUIZON Blandine (Rédactrice NeuroXtrain)

Kinésithérapeute en cabinet libéral à Paris, après avoir exercé un an à Nantes, notamment au sein ducentre de formation de Nantes Basket Hermine. A combiné sa volonté d'aider les autres avec sa passion pour le sport, allant du pilates au tennis, en passant par la course à pied.

Réalisation de diverses formations :

  • Kinésithérapie en pré-post partum – IPPP (2023)
  • Prévention et traitement des blessures en course à pieds (1.0 - 1.2) - La Clinique du Coureur (2022-2023)
  • Pilates et kinésithérapie - Physioacadémie (2022)
  • Rééducation pelvi-périnéale - Santé Formapro (2021)
  • Pathologies de la cheville: de la prise en charge à la reprise d'activité - Santé Formapro (2021)

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