Douleur de hanche chez le sportif

Publié le : 27 novembre 2021 à 17h43

Article rédigé par Clément BOUDOT

Dans le monde sportif, il est très fréquent que le kinésithérapeute soit le premier contact de l’athlète au moment de sa blessure. Il est donc important que le kinésithérapeute sache trier et différencier les pathologies qui peuvent causer des douleurs de hanche et ainsi adapter son traitement et/ou rediriger au bon moment le sportif vers un chirurgien lorsque cela est nécessaire. Un examen complet doit suivre une séquence logique qui prend en compte les sources de douleurs musculo-squelettiques ou non, la colonne lombo-sacrée, les sources de douleurs intra et extra-articulaires.

 

Comment les kinésithérapeutes doivent-ils évaluer un patient présentant une douleur à la hanche ?

La première étape de l'évaluation de la hanche consiste à déterminer si les symptômes sont d'origine musculo-squelettique ou non musculo-squelettique. Un examen détaillé des antécédents médicaux et un entretien avec le patient doivent permettre de déterminer la nature des symptômes, en prenant soigneusement en compte les facteurs qui pourraient indiquer des causes non musculo-squelettiques de la douleur de la hanche qui nécessiteraient une orientation vers un professionnel de santé approprié.

Une fois qu'il est déterminé que le patient peut bénéficier de kinésithérapie, l'algorithme d'évaluation décrit ci-dessous peut être utilisé pour classer les patients souffrant de douleurs de hanche d'origine musculo-squelettique. Il s'agit notamment de différencier l’implication de la hanche de la région lombosacrée.

La recherche de l'atteinte de la colonne lombaire commence par l'observation de l'amplitude active (= ROM) des mouvements lombaires en flexion, extension, flexion latérale droite/gauche en recherchant la reproduction des symptômes et la limitation des mouvements. Un Spring test (mobilisation articulaire postéro-antérieure) des vertèbres lombaires peut être effectué pour isoler le niveau d'atteinte du rachis et reproduire la douleur.

Des tests cliniques visant à provoquer une douleur de l'articulation sacro-iliaque doivent également être inclus.

Après avoir évalué la colonne lombosacrée, le clinicien doit déterminer s'il existe une source intra- et/ou extra-articulaire des symptômes. Les tests de flexion-abduction-rotation externe (FABER), de flexion-adduction-rotation interne (FADIR), IROP test, de flexion à 90 degrés avec rotation externe ainsi que le Scour test peuvent être utilisés pour déterminer la présence d'une pathologie intra-articulaire. Si les tests FABER, FADIR, IROP et le Scour test ne reproduisent pas les symptômes du patient, la pathologie est probablement causée par des structures extra-articulaires.

Cependant si des sources intra-articulaires de la pathologie de la hanche sont identifiées, le patient peut être classé dans une ou plusieurs des catégories suivantes : conflit fémoro-acétabulaire, hypermobilité et/ou hypomobilité.

Pour les athlètes qui ont des sources extra-articulaires de douleur à la hanche, la provocation des symptômes par la palpation, l'allongement/étirement passif et les mouvements contre résistanceT des tissus impliqués peuvent déterminer la source de la pathologie.

 

Schéma adapté de l’étude Takla et al. The 2019 International Society of Hip Preservation (ISHA) physiotherapy agreement on assessment and treatment of femoroacetabular impingement syndrome (FAIS): an international consensus statement. 

 

Quels tests spécifiques le kinésithérapeute doit-il inclure dans son examen ?

Pour un patient se présentant avec une douleur dans la région de la hanche, l’origine de ces douleurs peut être multiple. Il est nécessaire de classer les patients dans différentes catégories pour avoir une prise en charge efficace et savoir si ces douleurs sont du ressort de la kinésithérapie ou non.

Les tests doivent être effectués pour classer un patient dans une ou plusieurs des catégories suivantes:

  • Colonne lombo-sacrée,
  • Pathologie intra-articulaire et/ou,
  • Pathologie extra-articulaire.

Si une pathologie intra-articulaire est identifiée, les patients peuvent être classés dans la catégorie:

  • Conflit fémoro-acétabulaire,
  • hypermobilité et/ou,
  • Hypomobilité.

Weir et al. ont défini un système de classification avec quatre sous-titres principaux de la douleur extra-articulaire de l'aine chez les athlètes. Ces sous-classifications sont les suivantes:

  • Les douleurs de l'aine liées aux adducteurs
  • À l’iliopsoas,
  • À la région inguinal et,
  • Au pubis.

L'examen doit également identifier les déficiences en matière d’amplitude de mouvement, de souplesse, de force, de biomécanique et de contrôle neuromusculaire qui pourraient contribuer à la douleur.

 

 

Quelles interventions de kinésithérapie sont recommandées pour les personnes souffrant de douleurs de la hanche ?

Un plan de traitement peut être développé selon l'algorithme d'évaluation en concordance avec les déficiences identifiées lors de l’examen clinique. Les interventions doivent être orientées vers une liste de problèmes prioritaires qui visent à remédier aux déficits de force, de mobilité, de souplesse et de contrôle neuromusculaire, tout en tenant compte des anomalies biomécaniques.

 

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Considérations lombo-pelvienne:

Les personnes souffrant de douleurs de la hanche et/ou lombo-pelvienne répondent souvent à un traitement par mobilisation. Les personnes qui répondent à la mobilisation peuvent également recevoir des exercices globaux de mobilité et de contrôle musculaire de la région lombo-pelvienne. La connexion entre la hanche et la colonne vertébrale, en particulier pour ceux qui ont une perte d'extension de la hanche, devrait être abordée chez les personnes présentant des douleurs de la hanche et/ou lombo-pelvienne.

 

Conflit fémoro-acétabulaire:

Pour les personnes ayant un conflit fémoro-acétabulaire, des mobilisations articulaires, un ROM sans douleur et des exercices de renforcement peuvent être mis en œuvre pour aider à rétablir une biomécanique normale de l'articulation de la hanche. Plus précisément, les mobilisations postéro-inférieures de la hanche peuvent être indiquées pour les patients présentant des mouvements douloureux et/ou restreints de flexion et de rotation interne de l'articulation de la hanche.

Les activités de renforcement des muscles de la hanche et de la colonne lombosacrée peuvent améliorer la faiblesse et le déséquilibre musculaires. Les exercices visant à améliorer le contrôle neuromusculaire de la hanche peuvent aider à compenser les déformations osseuses. Les interventions thérapeutiques doivent être mises en œuvre en tenant compte des mouvements qui provoquent les symptômes et doivent être réalisées de manière indolore, sans créer d'irritation articulaire supplémentaire.


 

Hypomobilité:

La section orthopédique de l'American Physical Therapy Association a élaboré des directives de traitement fondées sur des données probantes pour la prise en charge de la douleur de la hanche et de l'hypomobilité. L'approche thérapeutique générale pour les patients souffrant d'hypomobilité de l'articulation de la hanche consiste à équilibrer les interventions thérapeutiques visant à améliorer les amplitudes et la force, tout en apportant une modification raisonnable des activités qui diminuent la charge sur l'articulation.

 

Hypermobilité:

La fonction neuromusculaire de la musculature proximale de la hanche, en termes de force, de conscience posturale, de stabilité du tronc et de conscience kinesthésique, est un facteur critique dans l'évaluation et le traitement des patients atteints d'hypermobilité. Les interventions thérapeutiques doivent mettre l'accent sur le renforcement en chaîne fermée, la stabilisation et les exercices proprioceptifs dans des schémas de mouvement sans appréhension.

Les exercices en chaîne fermée peuvent être utilisés pour stimuler les mécanorécepteurs et encourager une co-contraction des stabilisateurs de la hanche. Des exercices de proprioception de la hanche et de la région lombo-pelvienne peuvent être effectués pour encourager une activité musculaire coordonnée qui améliore la stabilité dynamique de la hanche. Dans l'ensemble, les exercices doivent viser à améliorer le contrôle neuromusculaire pour aider à compenser le manque de stabilité de la hanche et de la région lombo-pelvienne.

 

Extra-articulaire:

Pour les personnes souffrant de douleurs de hanche d'origine extra-articulaire, les interventions doivent viser à améliorer la force, l’amplitude de mouvement et le contrôle neuromusculaire. La thérapie manuelle, telle que la mobilisation des tissus mous, peut également être utilisée pour compléter les exercices.

 

Quelles sont les indications pour adresser un patient à une consultation chirurgicale ou pour déterminer que les soins conservateurs ne sont plus bénéfiques pour ce dernier ?

Un patient doit être orienté vers une consultation médicale s'il présente une histoire, des signes et/ou des symptômes incompatibles avec un trouble musculo-squelettique. Un patient doit également être orienté vers une consultation médicale/chirurgicale si son état ne s'améliore pas après 6 semaines de kinésithérapie. Les kinésithérapeutes doivent être conscients qu'une rééducation prolongée peut être préjudiciable au résultat du patient, en particulier chez ceux qui continuent à effectuer des activités aggravantes pendant leur phase de rééducation pré-opératoire.

La rééducation peut traiter les déficiences des schémas de mouvements fonctionnels, mais la présence de déformations osseuses peut continuer à détériorer davantage l'articulation. Cela peut être particulièrement vrai chez les personnes qui effectuent des activités nécessitant une flexion importante de la hanche ainsi qu’une rotation interne. Par conséquent, le clinicien doit reconnaître les limites de ces personnes et savoir quand il convient de les adresser à un orthopédiste pour discuter d’une opération.

Bien qu'il n'existe pas d'accord universel sur la durée idéale de la kinésithérapie pré-opératoire, il convient de tenir compte de l'acuité des symptômes du patient et de l'intégrité potentielle de l'articulation. Récemment, Kunze et al., ont noté qu'une attente de plus de 3 à 6 mois après l'apparition des symptômes entraînait des résultats cliniques inférieurs après une arthroscopie de la hanche pour les patients souffrant d'un conflit fémoro-acétabulaire. Ces résultats peuvent être utilisés pour déterminer un délai raisonnable pour la rééducation pré-opératoire.

 

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Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

Source:

Takla, A., O'Donnell, J., Voight, M., Byrd, T., Dienst, M., Martin, R. R., Philippon, M. J., Enseki, K., Andrade, T., Safran, M., Christoforetti, J. J., Martin, H., Grant, L., Campbell, A., Ryan, M., Tyler, T., McGovern, R. P., Bizzini, M., & Kohlrieser, D. (2021). The 2019 International Society of Hip Preservation (ISHA) physiotherapy agreement on assessment and treatment of femoroacetabular impingement syndrome (FAIS): an international consensus statement. Journal of hip preservation surgery7(4), 631–642. Article sous Creative Commons Attribution Non Commercial license (CC BY-NC 4.0).

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