Cervicalgie : explication et traitement

Publié le : 21 novembre 2023 à 17h09

Article rédigé par Clément BOUDOT - MKDE du sport 

Introduction

La cervicalgie est une pathologie multifactorielle et constitue un problème majeur dans la société moderne. Bien que la cervicalgie ne soit pas le trouble musculosquelettique le plus courant, elle n'en demeure pas moins très importante. Le fardeau économique de la cervicalgie est remarquable et engendre des coûts de traitement important, une réduction de la productivité et des problèmes liés à l'emploi. En 2016, parmi 154 pathologies, la lombalgie et la cervicalgie ont entraîné les dépenses de santé les plus élevées aux États-Unis, estimées à 134,5 milliards de dollars. En 2012, les douleurs cervicales ont été à l'origine de l'absentéisme de 25,5 millions d'Américains, qui ont manqué en moyenne 11,4 jours de travail.

Anatomie

Les cervicales sont composées de 7 vertèbres qui s’articulent en haut avec la base du crâne appelée l’occiput et en bas avec les vertèbres thoraciques. Les cervicales sont la partie la plus mobile de la colonne vertébrale. Entre chaque vertèbre cervicale se trouve un disque sauf entre la vertèbre 1 (Atlas) et 2 (Axis) qui permet notamment cette grande mobilité due à l’anatomie singulière de ces deux vertèbres.

Au centre de la colonne, les vertèbres abritent la moelle épinière. L’artère vertébrale quant à elle achemine le sang oxygéné au cerveau en passant par le canal transversaire.

Plusieurs muscles ont une influence sur le rachis cervical. Notamment le trapèze supérieur, l’élévateur de la scapula, les sternocléidomastoïdiens pour les plus superficiels ou comme les muscles suboccipitaux ou les splénius du cou pour les plus profonds.

 

 

Étiologie

L’étiologie exacte de la cervicalgie est difficile à préciser. Généralement les patients ayant une cervicalgie sont sédentaires et ces douleurs peuvent venir de ce mode de vie. À contrario certains sportifs ou personnes physiquement actives peuvent rapporter ce genre de douleur. Il faudra alors étudier au cas par cas et réaliser un bilan précis afin de déterminer d’où vient la cause exacte de ces douleurs et éventuellement mettre en évidence certaines dysfonctions cervicales qui peuvent amener à ces douleurs.

 

Épidémiologie

La cervicalgie est le deuxième trouble musculosquelettique le plus fréquent, avec une prévalence et une incidence plus élevée chez les femmes. En 2016, les lombalgies et les cervicalgies ont été la troisième cause d’années de vie corrigées de l’incapacité chez les hommes et les femmes.

En 2017, l’incidence des cervicalgies était de 806,6 pour 100 000 habitants. Également l’incidence et la prévalence des cervicalgies augmentent avec l’âge tout en étant plus courantes chez les femmes que les hommes.En effet, en 2017, le nombre de cas de cervicalgie était de 166 millions chez les femmes et de 122,7 millions chez les hommes.

 

 

Diagnostic et évaluation

La cervicalgie est définie comme une douleur au niveau du cou, accompagnée ou non d'une douleur transmise à un ou aux deux membres supérieurs, qui dure au moins un jour. Les personnes souffrant de douleurs cervicales peuvent également être accompagnées de maux de tête ou de douleurs aux épaules, mais les douleurs cervicales constituent la principale plainte.

Le diagnostic d’une cervicalgie repose essentiellement sur un examen physique, mais aussi sur une anamnèse précise. Le but du bilan va être dans un premier temps d’éliminer toutes les causes graves pouvant imiter une cervicalgie (les reds flags). Plusieurs pathologies doivent être exclues avant de débuter tous types de traitement comme une fracture cervicale, une dissection artérielle ou une instabilité ligamentaire.

Un examen physique également est nécessaire afin de tester les amplitudes articulaires passive et active, ainsi que la force.

Les imageries dans le cadre d’une cervicalgie ne sont pas utiles et ne sont pas recommandées, car elles peuvent souvent mettre en évidence de faux positifs. Elles seront prescrites en fonction des symptômes du patient pour éliminer une suspicion de red flag.

 

Facteurs de risques

Plusieurs facteurs de risques semblent se détacher dans la littérature. Notamment les facteurs de risques psychosociaux. Le stress, l’anxiété, les troubles du sommeil, le catastrophisme, la dépression sont tous des facteurs favorisant l’apparition de cervicalgie.

L’âge avancé est un facteur de risque dans le développement de douleur chronique aux cervicales. La part génétique, mais également le fait d’être une femme semble prédisposer aux cervicalgies.

 

 

Traitement et prévention

Corp et al., en 2021, ont réalisé une revue systématique de toutes les guidelines européennes pour le traitement des cervicalgies.

Le traitement proscrit, mais qui est encore malheureusement trop souvent préconisé pour la cervicalgie, est le repos complet.

Ce qui ressort de ces guidelines reste que le traitement des cervicalgies par la kinésithérapie est le gold standard.Le traitement de kinésithérapie doit absolument contenir un programme d’exercice à destination des cervicales. L’utilisation en complément des exercices de la thérapie manuelle semble être bénéfique pour le patient.Également le kinésithérapeute devra réaliser une éducation à la douleur et encourager le patient à bouger ou du moins à rester le plus actif possible.

Les antidouleurs sont recommandés avec une faible valeur de preuve scientifique, mais peuvent être intéressants dans le cadre de douleur aigue très importante. Ces antidouleurs devront être prescrits par le médecin et c’est ce dernier qui décidera de la pertinence ou non de la prise d’antidouleur.

Également en fonction du bilan du praticien, un suivi psychologique peut être suggéré si lors du bilan le thérapeute met en évidence des drapeaux jaunes (drapeaux faisant référence aux troubles psychologiques).

 

Diagnostics différentiels

Les pathologies à prendre en compte dans le diagnostic différentiel sont les suivants :

  • Fracture cervicale
  • Hernie discale
  • Compression médullaire
  • Dissection artérielle
  • Instabilité ligamentaire
  • Céphalée
  • Radiculopathie

 

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

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Sources :

Kazeminasab, S., Nejadghaderi, S. A., Amiri, P., Pourfathi, H., Araj-Khodaei, M., Sullman, M. J. M., Kolahi, A. A., & Safiri, S. (2022). Neck pain: global epidemiology, trends and risk factors. BMC musculoskeletal disorders23(1), 26. Article sous Creative Commons Attribution 4.0 International License

Verhagen A. P. (2021). Physiotherapy management of neck pain. Journal of physiotherapy67(1), 5–11. Article sous CC-BY-NC-ND license.

Corp, N., Mansell, G., Stynes, S., Wynne-Jones, G., Morsø, L., Hill, J. C., & van der Windt, D. A. (2021). Evidence-based treatment recommendations for neck and low back pain across Europe: A systematic review of guidelines. European journal of pain (London, England)25(2), 275–295. Article sous Creative Commons Attribution License.

 

BOUDOT Clément (Rédacteur NeuroXtrain)

 

Kinésithérapeute passionné de sport, ayant pratiqué pendant plusieurs années du foot au FC Saint-Orens, puis du rugby au Rugby Club Quint Fonsegrives, pratiquant maintenant la course à pied et plus particulièrement le trail running.

Diplômé du D.U de kinésithérapie du sport à l'université de Nantes

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