Déchirure musculaire du droit fémoral : explication et traitement

Publié le : 26 octobre 2023 à 18h21

Article rédigé par Clément BOUDOT - MKDE du sport

Introduction

Les lésions du quadriceps surviennent le plus souvent lors d'activités sportives impliquant des coups de pied répétitifs et des sprints à grande vitesse. Dans le football professionnel et le rugby, les blessures du quadriceps entraînent plus de matchs manqués par an que n'importe quelle autre blessure musculaire, y compris les blessures des adducteurs, des ischio-jambiers et des gastrocnémiens.

Le muscle du quadriceps le plus souvent blessé est le droit fémoral. La gravité des lésions de ce muscle va de la déchirure musculaire de faible gravité à l'avulsion complète du muscle. La prise en charge sous-optimale de ces lésions est associée à de longues périodes de convalescence, à un faible retour au niveau antérieur à la blessure et à un risque élevé de récidive.

Anatomie

L'anatomie unique du droit fémoral facilite son action en tant que muscle antagoniste des muscles ischio-jambiers au niveau de la hanche et du genou. Le droit fémoral est de forme fusiforme et naît de deux têtes proximales, la tête directe superficielle qui naît de l'épine iliaque antéro-inférieure et la tête profonde qui naît de la crête acétabulaire. Les deux têtes se rejoignent au niveau du tendon conjoint proximal.

L'extrémité distale du muscle rejoint le vaste médial, le vaste latéral et le vaste intermédiaire pour former le tendon du quadriceps.

Ce muscle est donc le seul du quadriceps à être bi-articulaire, il participe à l’extension de genou, mais également à la flexion de hanche.

Le droit fémoral est principalement constitué de fibres musculaires de type II, qui produisent des mouvements puissants et explosifs avec des changements rapides de la longueur et de la vitesse du muscle pendant la contraction.

 

 

Étiologie

La déchirure du droit fémoral est une pathologie d’apparition soudaine. Le mécanisme de la lésion correspond souvent à une contraction soudaine et puissante du quadriceps, comme un sprint ou un coup de pied brusque, ou une chute avec hyperextension de l'articulation de la hanche.

 

 

Épidémiologie

Peu de littérature existe à ce sujet. Les lésions du quadriceps sont néanmoins fréquentes. Près d'un tiers de toutes les blessures dans le football professionnel sont des blessures musculaires et que la grande majorité (92%) affecte les quatre principaux groupes musculaires des membres inférieurs : ischio-jambiers 37%, adducteurs 23%, quadriceps 19% et muscles du triceps sural 13%.

 

 

Diagnostic et évaluation

Les patients souffrant de déchirure du droit fémoral proximal présentent le plus souvent une douleur antérieure de la cuisse d'apparition soudaine et sévère. Cette douleur peut s'accompagner d'un gonflement exagéré et d'ecchymoses, ainsi que d'une réduction de l'amplitude des mouvements de l'articulation de la hanche. Les patients peuvent décrire un "pop" audible au moment de la blessure.

L'évaluation clinique peut révéler un gonflement important de la cuisse, une sensibilité focale au niveau de l'épine iliaque antéro-inférieure, une sensibilité généralisée de la partie antérieure de la cuisse et une démarche antalgique ou raide.

Un gap palpable en cas de rupture complète peut être ressenti dans la partie proximale antérieure de la cuisse, bien qu'elle ne soit pas toujours prononcée.

L'examen musculaire peut révéler une importante réduction de la force lors de l'extension du genou et de la flexion de la hanche. Un examen clinique minutieux à la recherche d'autres lésions musculaires et d'une atteinte neurologique est important pour l'identification et le diagnostic précoces de toute lésion concomitante.

Afin de confirmer le diagnostic une échographie ou une IRM peut être réalisée afin d’observer et d’objectiver la taille de la lésion.

Les retards dans l'orientation vers un traitement approprié sont associés à une mauvaise récupération fonctionnelle et à un risque accru de complications.

 

 

 

Facteurs de risques

Les facteurs de risque intrinsèques pour une susceptibilité accrue aux lésions du droit fémoral comprennent une lésion antérieure ipsilatérale des muscles ischio-jambiers ou du quadriceps. La modification des schémas de marche, comme la réduction de la longueur de la foulée après des blessures antérieures aux ischio-jambiers, peut protéger le quadriceps et les ischio-jambiers pendant le cycle de marche, mais augmente la vulnérabilité aux blessures lors d'un effort rapide et forcé de ces muscles.

Fousekis et al., ont également signalé une tendance à l'asymétrie de la souplesse chez les joueurs qui présentaient des lésions du quadriceps.

 

Witvrouw et al., ont suivi prospectivement 146 footballeurs professionnels masculins sans antécédents de lésions musculaires des membres inférieurs pendant deux ans, et ont rapporté que les patients présentant une tension du quadriceps en présaison avaient un risque accru de lésions du quadriceps pendant le jeu en compétition. Également, la dominance de la jambe a été considérée comme un facteur de risque, car 60% des lésions du droit fémoral se produisant sur la jambe dominante contre seulement 33% pour la jambe non-dominante. Chez les 7 % de patients restants, la dominance de la jambe était inconnue ou les lésions étaient bilatérales. Dans l'étude de J. Orchard, la déchirure du quadriceps était également plus fréquente dans la jambe dominante (risque relatif : 2,13 ; IC 95% : 1,59 à 28,6), tandis que les lésions des ischio-jambiers et du mollet étaient presque également réparties. L'étude a également révélé que le principal facteur de risque extrinsèque de blessure du quadriceps proximal était la faible pluviométrie sur le lieu du match au cours des sept jours précédents.

 

 

Traitement et prévention

Le traitement non opératoire suit les principes de la gestion des lésions des tissus mous, à savoir le repos relatif, la glace, la compression et la mise en charge protégée. La rééducation au stade précoce comprend des modalités de soulagement de la douleur, des mouvements d'amplitude douce ainsi qu’un renforcement progressif du quadriceps. Un entraînement musculaire doux est mis en place avec des contractions isométriques et des exercices excentriques légers. Le retour progressif à l'entraînement cardiovasculaire et à la course à pied est débuté après l'obtention d'une amplitude de mouvement complète de la hanche et du genou, exempte de douleur. La stabilité du tronc est importante pour contrer les forces de torsion, de flexion latérale et d'extension pendant les activités de sprint et de coup de pied. Les exercices de stabilité du tronc doivent être inclus dans les protocoles de rééducation, car on pense qu'ils diminuent la surcharge du droit fémoral et réduisent la récurrence des blessures.

 

 

Plus récemment, les injections de plasma riche en plaquettes ont gagné en popularité dans le traitement des lésions musculaires aiguës, y compris les déchirures du droit fémoral proximal. Des rapports de cas isolés et de petites séries de cas ont fait état d'une résolution complète de la douleur et d'une récupération totale de la force après traitement des déchirures du droit fémoral par une prise en charge non chirurgicale et des injections de plasma riche en plaquettes. Cependant, il n'existe que peu de preuves de haute qualité à l'appui de l'utilisation d'injections de plasma riche en plaquettes pour les déchirures du droit fémoral proximal, et les directives concernant les doses optimales et les régimes d'injection n'ont pas été établies.

Une prise en charge chirurgicale est possible, mais reste réservée pour des patients ayant une rupture complète du tendon ou des exigences particulières vis-à-vis de leur sport.

 

Diagnostics différentiels

Les pathologies à prendre en compte dans le diagnostic différentiel sont les suivants :

  • Arrachement osseux,
  • Rupture totale du droit fémoral,
  • Pathologie du nerf fémoral,
  • Lésion du labrum de l’articulation de la hanche,
  • Pubalgie,
  • Déchirure des adducteurs.

 

 

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

À lire également :

 

Sources :

Begum, F. A., Kayani, B., Chang, J. S., Tansey, R. J., & Haddad, F. S. (2020). The management of proximal rectus femoris avulsion injuries. EFORT open reviews5(11), 828–834. Article sous Creative Commons Attribution-Non Commercial 4.0 International licence (CC BY-NC 4.0)

Ekstrand, J., Hägglund, M., & Waldén, M. (2011). Injury incidence and injury patterns in professional football: the UEFA injury study. British journal of sports medicine45(7), 553–558.

BOUDOT Clément (Rédacteur NeuroXtrain)

Kinésithérapeute passionné de sport, ayant pratiqué pendant plusieurs années du foot au FC Saint-Orens, puis du rugby au Rugby Club Quint Fonsegrives, pratiquant maintenant la course à pied et plus particulièrement le trail running.

Diplômé du D.U de kinésithérapie du sport à l'université de Nantes

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