Taux de blessures, mécanismes, facteurs de risque et stratégies de prévention dans le rugby junior

Publié le : 15 août 2023 à 18h53

Article rédigé par Blandine MAUDHUIZON

La France accueille cette année la coupe du monde de rugby 2023. Le rugby à XV est un sport d'équipe de contact pratiqué par près de 10 millions de personnes.  Malgré la popularité mondiale du sport et sa croissance récente, il y a eu des problèmes de sécurité importants concernant les taux de blessures et de commotions cérébrales, en particulier chez les jeunes. Il y a eu des appels à l'interdiction des plaquages dans les catégories des jeunes au Royaume-Uni. En réponse à cet appel, Tucker et al. ont souligné dans une étude que dans les catégories des jeunes athlètes, "ni l'incidence ni la gravité des blessures n'ont été complètement identifiées et comprises, donc ni les mécanismes spécifiques ni les facteurs de risque de blessure également". Cette réponse a également mis en évidence les principaux problèmes de différences dans la déclaration des taux de blessures chez les jeunes joueurs de rugby, ce qui rend les comparaisons entre les études difficiles.

Type et mécanisme de blessure

West et al ont mené une revue systématique et méta-analyse sur le sujet, et ont trouvé que les lésions ligamentaires figuraient parmi les types de blessures les plus courantes chez les femmes (21 %) et les hommes (18 %), matchs et entraînements combinés. Les commotions cérébrales font également partie des blessures fréquentes. Cependant, lorsque des comparaisons entre les groupes d'âge étaient possibles, tant chez les hommes que chez les femmes, la proportion de commotions cérébrales était plus élevée dans les groupes plus âgés que chez les plus jeunes.

Il ressort des preuves disponibles que le plaquage est l'évènement du match qui est associé à la plupart des blessures et des commotions cérébrales. En effet, le plaquage serait à l’origine de 55% des évènements traumatiques pour les garçons et 71% pour les filles.

 

 

Des études récentes ont démontré des différences dans les mécanismes spécifiques entre les joueurs masculins (tête contre tête) et féminins (tête contre le sol), dans le cadre de la pratique du rugby chez des athlètes adultes. Au-delà de cela, il n'y avait pas de résultats clairs liés à l'étiologie des blessures chez les deux sexes, avec des différences dans l'emplacement et le type de blessures les plus courantes :

  • Pour les hommes, principalement des atteintes ligamentaires aux membres inférieurs
  • Pour les femmes, des atteintes du système nerveux central et périphérique, commotion cérébrale suite à un choc à la tête et au cou

Notons tout de même que le faible nombre d’études incluant des athlètes féminines peuvent biaiser les résultats des différences apparentes dans le type et l'emplacement des blessures les plus courantes entre les hommes et les femmes.

 

Facteurs de risque

Il est évident dans la littérature actuelle qu'il existe un manque substantiel d'analyses de haute qualité examinant les facteurs de risque de blessure dans le rugby chez les jeunes athlètes. Ainsi, aucune conclusion ou recommandation ferme sur les facteurs de risque de blessures pouvant être corrigés pour prévenir ces blessures ne peut être faite. 

La priorité est en particulier axée sur les facteurs de risque modifiables (par exemple, le conditionnement physique, l'équipement de protection ou les stratégies d'entraînement).

Les éléments principaux pouvant favoriser la survenue de blessure sont positivement corrélés à l’âge et le niveau de jeu.

 

 

Dans une revue systématique et méta-analyse, West et al. ont cherché à fournir un guide complet de l’incidence de blessures, des facteurs de risque et des stratégies de prévention primaires associées au rugby chez les jeunes athlètes. Pour ce faire, ils ont pris en compte le taux de blessure pour les deux sexes, parmi quatre catégories d'âge différent (U12, 12-14 ans, 15-18 ans et U18 global), tout en prenant en compte les paramètres d’exposition (que ce soit pendant le match, l’entraînement, ou les deux confondus). En plus de cela, la gravité des blessures, l'emplacement de la charge, le type, le mécanisme et la position du joueur ont été décrits.

 

 

Incidence des commotions cérébrales

Nous avions rédigé un article sur le sujet pour la prévention, l’identification et la gestion des Commotions cérébrales dans le monde du sport.

Compte tenu de l'intérêt et de la sensibilisation accrue concernant les commotions cérébrales dans le rugby à XV, et en particulier dans le jeu des jeunes athlètes, le taux de commotion cérébrale est élevé. D’après les résultats de l’étude, comme mentionné plus tôt, il semble que les taux les plus importants de blessures et de commotions cérébrales soient signalés chez les athlètes féminines, malgré le peu d'études axées sur les filles. Par ailleurs, des taux similaires ont été observés dans la tranche d'âge des 5 à 6 ans, mais un risque plus élevé chez les athlètes masculins des tranches d'âge des 7 à 12 ans et des 13 à 17 ans.

Le rugby féminin a considérablement gagné en popularité et en professionnalisation à l'échelle mondiale. Lors des Jeux olympiques de Rio en 2016, le rugby à sept masculin et féminin a été introduit, ce qui a contribué à mettre davantage l'accent sur le jeu féminin. À l'échelle internationale, la participation des femmes au rugby à XV a augmenté de 28 % entre 2017 et 2019, ce qui s'est traduit par 2,7 millions de joueuses enregistrées.

Le rugby chez les jeunes a démontré des taux de blessures globaux 1,2 à 3,4 fois plus élevés que le hockey sur glace, ainsi que des taux de commotions cérébrales 4,7 fois plus élevés. Compte tenu de cela, d'importantes stratégies de prévention primaire sont nécessaires pour réduire ce risque et assurer la sécurité et le bien-être de tous les jeunes joueurs dans le sport.

 

 

Méthodes de prévention

Quatre principales méthodes de prévention ont été mises en évidence dans la littérature :

  1. L'équipement de protection
  2. La modification des règles et la politique du jeu
  3. La formation
  4. L'éducation

 

Parmi les stratégies de prévention évaluées dans l’étude de West et al., la plus prometteuse pour réduire spécifiquement le risque de commotion cérébrale était un programme d'entraînement neuromusculaire. Compte tenu de la forte proportion de blessures associées au plaquage, des études sont en cours en France et au Royaume-Uni pour étudier l'effet des modifications de la législation relative au plaquage sur le risque de blessure dans le jeu des jeunes ; cependant, aucune étude n'a été publiée à ce jour évaluant le résultat de ces variations de règles. Compte tenu du taux élevé de blessures et de commotions cérébrales par rapport à d'autres sports pour les jeunes, il est essentiel que des études de haute qualité axées sur la prévention des blessures soient entreprises pour réduire le risque de blessure, minimisant ainsi les conséquences délétères à long terme des blessures et des commotions liées au sport tout en maximisant les avantages physiques et sociaux de l'exercice des sports d'équipe. Compte tenu des preuves actuelles, et jusqu'à ce que d'autres interventions efficaces deviennent évidentes, les programmes d’entraînement neuromusculaire semblent être l'approche la plus prometteuse pour la prévention des blessures des jeunes dans le rugby et devraient être considérés comme la norme de pratique.

 

Conclusion

Les sites et les types de blessures les plus courants des jeunes dans le rugby sont les entorses des membres inférieurs chez les joueurs masculins, et la tête/le cou et les commotions cérébrales chez les athlètes féminines.

Cibler la prévention primaire et l'éducation des intervenants sont des stratégies clés dans la prévention, la reconnaissance et la gestion des blessures et des commotions cérébrales chez les jeunes joueurs de rugby.

Petite parenthèse pour honorer fièrement Pontlevoy, village d’enfance de la rédactrice, où se tiendra le premier tournoi mondial de rugby scolaire. Pour rappel, la Coupe du Monde de Rugby 2023 aura lieu en France du 8 septembre au 28 octobre 2023 avec des matchs disputés sur 9 sites répartis dans 10 villes hôtes. 

 

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

A lire également : 

 

 

Source :

West, S.W., Shill, I.J., Bailey, S. et al. Injury Rates, Mechanisms, Risk Factors and Prevention Strategies in Youth Rugby Union: What’s All the Ruck-Us About? A Systematic Review and Meta-analysis. Sports Med(2023) Article sous Creative Common licence CC BY 4.0

MAUDHUIZON Blandine (Rédactrice NeuroXtrain)

 

Kinésithérapeute en cabinet libéral à Paris, après avoir exercé un an à Nantes, notamment au sein du centre de formation de Nantes Basket Hermine. A combiné sa volonté d’aider les autres avec sa passion pour le sport, allant du yoga au tennis, en passant par la course à pied

Réalisation de diverses formations : 

  • Pilate et kinésithérapie - Physioacadémie (2022)
  • Nouveautés dans la prévention des blessures en course à pied 1.0 - La Clinique du Coureur (2022)
  • Rééducation pelvi-périnéale - Santé Formapro (2021)
  • Pathologies de la cheville : de la prise en charge à la reprise d'activité - Santé Formapro (2021)

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