Lésion de type SLAP : algorithme d’approche thérapeutique et rééducation

Publié le : 17 janvier 2021 à 09h50

Article rédigé par Clément Boudot

Qu’est-ce qu’une lésion de type SLAP ? SLAP est un acronyme anglais signifiant Superior Labrum Anterior to Posterior, désignant la localisation de la lésion. Ici, cela signifie une lésion supérieure du labrum de l’épaule. La lésion SLAP fut dans un premier temps décrite par Andrews et al. en 1985. Puis Snyder et al., ont quant à eux présenté pour la première fois en 1990 une classification. Les lésions SLAP étaient, selon cette classification, séparées en quatre différents types. Cette classification propose une description anatomique de la lésion SLAP ainsi qu’une idée générale de la gravité de la lésion. Le diagnostic de la lésion est souvent établi par imagerie IRM ou ARM (= arthrographie par résonance magnétique). Cependant, la classification exacte de la lésion SLAP doit être réalisée en pré-opératoire lors de l’arthroscopie de l’épaule. Nous verrons cette classification plus en détail dans la suite de l’article.

 

Épidémiologie

Les taux d’incidence des lésions SLAP les plus élevés se retrouvent dans les tranches d’âge de 20 à 29 ans et de 40 à 49 ans. En outre, il a été découvert que les lésions SLAP se retrouvent couramment chez les athlètes overhead asymptomatiques. Il est de plus en plus reconnu de nos jours que ces « déchirures » asymptomatiques du labrum sont semblables à des changements « adaptatifs » chez les lanceurs expérimentés.

Grâce aux améliorations de la qualité des IRM, les déchirures SLAP sont devenues un diagnostic de plus en plus fréquent. Cependant, le traitement idéal des déchirures de type SLAP n’a jamais été entièrement élucidé, et ainsi l’augmentation des diagnostics des lésions SLAP a entraîné une augmentation du nombre de réparations chirurgicales des lésions SLAP.

Le consensus actuel concernant les déchirures SLAP nous informe quelles représentent 80 à 90 % des pathologies du labrum de l’épaule stable, bien qu’elles soient typiquement observées en association avec d’autres pathologies de l’épaule et rarement présentes seules. De plus, les déchirures SLAP représentent environ 1 à 3 % des blessures présentées dans les centres de consultations sportifs, et les déchirures SLAP sont présentes dans environ 6 % des procédures d’arthroscopie de l’épaule.

 

La classification de Synder

La classification de Synder permet aux thérapeutes de grader la gravité de la lésion. Synder et al., les ont classés en 4 grades différents en fonction de la partie anatomique lésée.

Diagnostic

Une lésion SLAP peut être le résultat de divers mécanismes de blessure, mais dans la plupart des cas elle est le résultat d’une surutilisation de l’épaule. Chez les athlètes overhead, les mouvements de lancers répétés peuvent provoquer des micro-lésions du labrum supérieur. Au début, une déchirure du labrum postéro-supérieur se développe, qui peut être progressivement étendu vers l’avant jusqu’à l’ancrage du biceps. Un autre mécanisme de blessure pour une lésion SLAP est une chute sur le bras tendu.

 

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Le schéma de la douleur n’est pas spécifique. La plupart des patients se plaignent d’une douleur sourde dans l’articulation de l’épaule. Le diagnostic d’une lésion SLAP basée uniquement sur l’examen clinique est généralement très difficile, la plupart des tests cliniques étant non spécifiques. L’une des raisons est que le labrum détaché provoque rarement des symptômes mécaniques, tels que le blocage de l’articulation. Une autre raison est que la plupart des patients présentent également des pathologies coexistantes (comme une lésion du biceps) dans l’épaule, qui provoquent des symptômes similaires et compliquent l’examen physique. Il existe cependant des combinaisons de tests qui augmentent la fiabilité de diagnostic notamment pour les lésions de type 2.

L’imagerie préopératoire est très importante pour le diagnostic de la lésion SLAP. L’arthroscopie est le gold standard (= examen de référence). La sensibilité de l’arthrographie en résonnance magnétique atteint jusqu’à 90 % dans plusieurs études.

Tests cliniques

 


La combinaison de divers tests cliniques peut être utilisée dans le diagnostic des lésions
SLAP de type 2. Comme on a pu le voir dans la classification de Synder, les lésions de type 2 sont les seules où le biceps est détaché de son ancrage.

Oh et al., ont démontré que l’utilisation de 2 tests cliniques relativement sensibles (compression-rotation, O’Brien et/ou Anterior apprehension) en association avec un test clinique relativement spécifique (speed test, yergason ou biceps load II test) augmenterait l’efficacité diagnostique des lésions SLAP de type 2. Si un des trois tests choisis est positif, alors nous aurons une sensibilité d’environ 75 %, tandis que si les trois tests choisis, parmi la liste ci-dessus, sont positifs nous aurons une spécificité d’environ 90 %. (3)

 

 

Quelle approche thérapeutique adopter ?

Certains experts se basent sur la classification de Synder vu précédemment pour définir quelle est la meilleure approche thérapeutique à avoir. Ils prennent également en compte l’âge du patient et son niveau de participation sportive afin d’adapter au mieux la prise en charge.

Selon le consensus d’experts, les médicaments anti-inflammatoires, la kinésithérapie, la modification ou l’amélioration de la technique sportive devraient être proposés comme option de traitement dans un premier temps.

L’approche conservatrice initiale devrait durer au moins 3 à 6 mois. Si le patient se plaint toujours de symptômes qui l’empêchent de réaliser les activités de la vie quotidienne ou de pratiquer son sport, il convient alors de discuter d’un traitement chirurgical. Les avantages et les inconvénients du traitement (fixation du labrum, ténotomie ou ténodèse du tendon du biceps) doivent toujours faire l’objet d’une discussion approfondie entre le patient et le chirurgien.

Pour les lésions SLAP de type I, l’opinion d’experts recommande uniquement un débridement arthroscopique (= nettoyage de l’articulation qui consiste à retirer la partie de l’os et/ou du cartilage abimé) du labrum supérieur.

Pour les lésions SLAP de type II, chez les patients jeunes et actifs ayant subi un traumatisme récent, une fixation de la lésion SLAP avec un ou deux ancrages de suture est recommandée. En particulier lorsque la cause de la lésion est traumatique, le labrum supérieur doit être fixé à la glène. Dans les cas où les patients ont plus de 40 ans, avec un faible niveau d’activité sportive ou dans les cas de pathologies intra-articulaires coexistantes, il est recommandé de procéder à une ténotomie ou une ténodèse (= intervention chirurgicale visant à fixer le tendon sur un os) du chef long du tendon du biceps.

Dans les cas de lésions SLAP de type III, il est recommandé de procéder à une résection de la déchirure de l’anse du seau du labrum supérieur.

Pour les lésions SLAP de type IV, il est suggéré de réaliser une ténotomie du tendon du biceps chez les patients de plus de 40 ans avec une activité sportive peu importante. Une ténodèse du chef long du tendon du biceps est par contre réalisée chez les patients de moins de 40 ans avec une activité sportive soutenue.

Schéma adapté de Stathellis et al. Open Ortho J 2018

 

Rééducation

La rééducation occupe une place essentielle dans la guérison des lésions de type SLAP.

Il faut être attentif à une déficience dans la chaine cinétique (l’épaule, la scapula, rotation et flexion du buste, force des jambes). La rééducation de l’athlète présentant une lésion de type SLAP devra être progressive au niveau de la charge et du volume de travail. Du fait de son lien direct avec le labrum antéro-supérieur, les exercices du biceps brachial et plus précisément de son chef long doivent faire l’objet d’une attention particulière. Cools et al., se sont donc intéressé aux différents exercices utilisés en rééducation et les ont classés par ordre d’activation du biceps brachial.

Les trois exercices activant le plus le biceps brachial dans l’ordre croissant sont (4) :

  • Le full can test (29 % du Maximal Voluntary Isometric Contraction = MVIC),
  • La flexion du coude avec l’avant-bras en supination (34,6 % du MVIC),
  • La flexion de l’épaule en rotation externe avec l’avant-bras en supination (35,9 % du MVIC).

 

Ces trois exercices cependant sont catégorisés comme ayant une activation modéré du biceps brachial. Lorsque le renforcement du biceps devient un objectif de traitement spécifique, des exercices pliométriques et excentriques doivent être intégrés au fur du traitement. (4)

Il faudra également être vigilant sur la mobilité de l’épaule notamment la rotation interne chez les lanceurs. L’influence de la contracture de la capsule postérieure et de la coiffe des rotateurs dans l’épaule douloureuse chez l’athlète overhead a été décrite dans la littérature. La contracture de la capsule postérieure peut être évaluée à travers le GIRD (Glenohumeral Internal Rotation Deficit). Les patients peuvent bénéficier du sleeper strecth et également de l’étirement en adduction de la capsule postérieur afin d’améliorer le GIRD. (5)

Pour plus d'informations à propos du GIRD chez les athlètes overhead, nous conseillons de lire notre article sur la Prise en chagre du conflit postéro-supérieur de l'épaule chez l'athlète overhead ainsi que notre Grand Format N°1 L'épaule chez l'athlète overhead.

 

Nouvelle technologie 

Rubrique sponsorisé - Le produit CryoPush d’Orthonov est un appareil de récupération léger et portatif, destiné à optimiser les résultats et séances post-entraînements des sportifs.

 

 

Un des produits phares des gammes d’Orthonov est le CryoPush, cet appareil portatif et sur batterie va permettre aux athlètes de prendre soin de leur corps en optimisant leur récupération. 

La cryothérapie est devenue une prise en charge postopératoire importante. Grâce à plusieurs années de développement et d'évolution, la cryothérapie peut désormais être appliquée par différentes méthodes telles que le patch à froid, les sacs de glace pilée, les coussins de refroidissement et maintenant les méthodes plus élaborées comme les dispositifs de compression par le froid.

Les avantages de la cryothérapie sont nombreux et connus et présents à la fois dans les suites post-opératoires, de blessures et aussi dans la récupération sportive.

Le CryoPush, peut être utilisé sur 1 ou 2 zones en même temps et soit en mode compression seul ou en mode compression + pack de gel préalablement mis au réfrigérateur ou congélateur en fonction de l’objectif.

Très facile à installer, le CryoPush contient un sachet de froid à mettre au congélateur et qui se scratch a celle-ci. Le gel utilisé est un gel spécial qui ne durcit pas et qui permet d’épouser la forme de l’articulation sans laisser des zones de non-contact. Le boitier électronique va venir se brancher à l’attelle (ou 2 attelles en même temps) et va pouvoir la gonfler et la dégonfler par intermittence (entre 20 et 100mmHg).

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Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas lavis ou la visite dun professionnel de santé.

 

Sources :

(1) Stathellis, A., Brilakis, E., Georgoulis, J. D., Antonogiannakis, E., & Georgoulis, A. (2018). Treatment of SLAP Lesions. The open orthopaedics journal, 12, 288–294. Article sous Creative Commons Attribution 4.0 International Public License (CC-BY 4.0)

(2) Varacallo, M., Tapscott, D. C., & Mair, S. D. (2020). Superior Labrum Anterior Posterior Lesions. In StatPearls. StatPearls Publishing. Article sous Creative Commons Attribution 4.0 International License

(3) Oh, J. H., Kim, J. Y., Kim, W. S., Gong, H. S., & Lee, J. H. (2008). The Evaluation of Various Physical Examinations for the Diagnosis of Type II Superior Labrum Anterior and Posterior Lesion. The American Journal of Sports Medicine, 36(2), 353–359.

(4) Cools, A. M., Borms, D., Cottens, S., Himpe, M., Meersdom, S., & Cagnie, B. (2014). Rehabilitation Exercises for Athletes With Biceps Disorders and SLAP Lesions: A Continuum of Exercises With Increasing Loads on the Biceps. The American journal of sports medicine, 42(6), 1315–1322.

(5) Mathew, C. J., & Lintner, D. M. (2018). Superior Labral Anterior to Posterior Tear Management in Athletes. The open orthopaedics journal, 12, 303–313. Article sous Creative Commons Attribution 4.0 International Public License (CC-BY 4.0).

Lien web: shouldersphere.com

 

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