Œdème osseux chez les sportifs : implications cliniques

Publié le : 16 janvier 2022 à 10h22

Article rédigé par Clément BOUDOT - MKDE

 

Les os répondent à d’importantes contraintes mécaniques lors de l’activité physique. Ils sont soumis comme les muscles et les tendons à différentes adaptations lors de la pratique du sport afin de s’adapter au mieux aux contraintes imposées. Lorsque le temps d’adaptation aux contraintes mécaniques de l’os n’est pas respecté, c’est à ce moment-là que des pathologies, comme l'œdème osseux ou la fracture de fatigue, peuvent apparaître.

Étiologie

Des données contradictoires sont actuellement présentes dans la littérature sur les causes de la détection de l’œdème osseux à l'IRM. Habituellement, une étiologie traumatique aiguë pure est la principale cause de l’œdème osseux chez les athlètes, bien que dans certains cas, cette pathologie puisse également résulter d'un traumatisme répétitif ou chronique. Comme mentionné, une charge répétée déclenche une réaction de stress dans l'os, ce qui peut entraîner une hypertrophie et un remodelage trabéculaire. En effet, les travées osseuses soumises à ce processus forcé présentent des micro-fractures, accompagnées par la présence de l’œdème osseux à l'IRM. Les traumatismes légers provoquent l'apparition de l’œdème osseux sans dommages détectables aux éléments cellulaires, alors que les traumatismes plus sévères provoquent l'apparition de micro-fractures et d'hémorragies dans l'os trabéculaire.

Biologiquement, l'os répond à un stress répétitif par un déséquilibre entre l'activité des ostéoclastes et des ostéoblastes. Dans un premier temps, l'os s'adapte en formant à nouveau de l’os périostique pour fournir un soutien structurel. Si la source de stress persiste, on observe une augmentation significative de l'activité ostéoclastique au détriment de l'activité ostéoblastique, ce qui entraîne des microfractures. L'homéostasie est donc perturbée.

 


Une étude intéressante menée par Matheny et al., a démontré que la surcharge articulaire entraîne une augmentation du remodelage osseux dans les régions touchées par l’œdème osseux. À l'aide d'études animales, il a été démontré que les micro-traumatismes induits par une surcharge mécanique au niveau de l’épiphyse entraînent une augmentation du remodelage osseux et l'apparition de l’œdème osseux en une à deux semaines.

Dans l'os cortical, la génération de micro-traumatismes tissulaires semble provoquer l'apoptose des ostéocytes. Cet événement entraîne à son tour une augmentation de l'expression du récepteur activateur du facteur nucléaire kappa Β (RANKL) dans les ostéocytes entourant la région de la lésion (régulateur de la résorption osseuse). Cela a pour conséquence une augmentation de la résorption et du remodelage osseux.

Les auteurs ont conclu que l'apparition de l’œdème osseux peut être précédée de changements dans la physiologie osseuse, ce qui représente une cible potentielle pour les stratégies de traitement préventif. (En lien : Acute : Chronic Workload Ratio: un outil afin de sécuriser le retour des athlètes)

 

Œdème osseux et symptomatologie

De nombreuses études scientifiques ont révélé que l’œdème osseux peut se retrouver chez des athlètes symptomatiques. Les symptômes ne sont pas spécifiques, mais comprennent l'apparition de la douleur, qui est initialement tolérable et n'affecte pas la performance de l’athlète, et la sensibilité pendant l'exercice. Dans cette phase, l'athlète continue à s'entraîner, appliquant plus de charges sur l'articulation, provoquant une réaction de stress qui peut dégénérer en fracture de fatigue.

À ce jour, on ne sait toujours pas s'il existe une corrélation significative entre l’œdème osseux et les symptômes cliniques, car les études actuelles sont contradictoires.

 

Afin de valider la méthode la plus fiable pour la détection précoce des lésions de stress osseux lombaires, Sims et al. ont analysé les corps vertébraux lombaires de 65 joueurs de cricket en bonne santé qui ont signalé des symptômes lombaires et des lésions de stress lombaires. Leurs résultats ont montré que l’œdème osseux pertinent sur le plan symptomatique dans le corps vertébral était associé à une intensité du signal ≥2. Cela suggère l'existence d'une corrélation potentielle entre les fractures de stress lombaire symptomatiques et l'intensité du signal de l'oedème osseux.

 

 

En revanche, Paajanen et al., dans le cadre d'une étude de suivi de deux ans portant sur 102 joueurs d'élite, n'ont trouvé aucune corrélation significative entre l'apparition de l’œdème osseux et les douleurs à l'aine, l’œdème osseux de l'articulation pubienne ayant été détecté par IRM chez 50 % des joueurs symptomatiques et asymptomatiques. De même, Varkas et al. ont analysé l'apparition de l’œdème osseux de l'articulation sacro-iliaque chez 22 recrues militaires avant et après 6 semaines d'entraînement physique intense et standardisé. L'évaluation après cette période n'a montré aucune relation statistiquement significative entre les douleurs dorsales et l'apparition de l’œdème osseux et aucune augmentation de sa taille.

Selon certains auteurs, l'apparition de l’œdème osseux peut également se produire chez des athlètes asymptomatiques. Par exemple, Major et Helms ont évalué des changements IRM dans l'articulation du genou de joueurs de basket-ball de haut niveau avant le début de la saison qui auraient pu être interprétés comme anormaux pendant la saison. Les auteurs ont montré que 14 des 34 joueurs inclus dans l'étude présentaient un œdème osseux à au moins un endroit, concluant que les changements observés à l'IRM étaient des anomalies asymptomatiques. De plus, ils ont émis l'hypothèse que les microtraumatismes transmis par le ménisque, dissipés par le cartilage et absorbés par l'os, pourraient être à l'origine de ces lésions. Enfin, la répétition continue de sauts et de courses pourrait avoir conduit à l'apparition de l’œdème osseux.

L’œdème osseux peut être associé à tout type d'activité sportive, ce qui influence la localisation de son apparition. Les joueurs de rugby montrent un œdème osseux tendant vers l'articulation tibio-fémorale (par exemple, le condyle médial), tandis que les coureurs montrent une implication plus importante de l'articulation fémoro-patellaire, en raison d'un mouvement plus linéaire.

La répartition différente de la contrainte appliquée pourrait également expliquer la localisation différente de l’œdème osseux et son absence de manifestation dans certains sites, tels que les os du carpe. Mandalia et al., dans une étude portant sur 25 athlètes universitaires asymptomatiques, ont démontré une corrélation entre la durée totale de l'entraînement, l'intensité de l'entraînement et l'apparition de l’œdème osseux. Sur la base de leurs résultats, les auteurs suggèrent que l'apparition de l’œdème osseux pourrait être particulièrement influencée par l'intensité et la durée des impacts répétés. Enfin, cette étude confirme la relation entre le type de sport pratiqué et l'incidence de l’œdème osseux, puisque 5 des 13 rugbymen ont montré une incidence élevée de l’œdème osseux, non détectée en revanche chez les nageurs, montrant ainsi comment le type d'activité sportive dicte l'incidence de l’œdème osseux.

 

 

Enfin, certaines études suggèrent également que la taille de l’œdème osseux et sa disparition peuvent être influencées par l'activité sportive. À cet égard, l'étude de Horga et al, dans laquelle les genoux de 71 athlètes asymptomatiques d'âge moyen ont été évalués 6 mois avant et un mois et demi après un marathon. Ils ont montré une réduction de la taille de l’œdème osseux sous-chondral après le marathon pour 19 des 58 sujets chez qui l'apparition de l’œdème osseux avait été détectée auparavant. Des schémas d'apparition et de disparition ont été observés dans une étude de Kornaat et al., dans laquelle 16 coureurs professionnels asymptomatiques ont été suivis pendant 7 mois pour étudier la progression clinique et radiologique de l’œdème osseux. Durant la période de suivis des athlètes, les auteurs ont recensé un total de 45 oedèmes osseux. 20 de ces 45 oedèmes sont apparus pendant la période de suivis et 22 des 45 oedèmes osseux observés ont disparu pendant la période d’observation de 7 mois. Cela montre un modèle de fluctuation non associé à des symptômes cliniques. Les auteurs ont donc conclu que l’œdème osseux peut participer au processus physiologique de remodelage osseux, en ne provoquant pas de symptômes pendant au moins les 7 premiers mois après son apparition.

 

Traitement

Comme vu précédemment tous les oedèmes osseux ne sont pas symptomatiques cependant certains peuvent le devenir et avoir un impact négatif sur les performances de l’athlète.

L'objectif du traitement dans la prise en charge des œdèmes osseux est principalement la gestion des symptômes. La mise en décharge de la région affectée peut aider à contrôler la douleur, tandis que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et la physiothérapie restent les piliers du traitement symptomatique. Il est également prouvé que le traitement par la nifédipine (un inhibiteur calcique) et le blocage du nerf sympathique peuvent apporter un soulagement substantiel dans le traitement de l’œdème osseux.

L'Iloprost a également prouvé son efficacité dans l'amélioration de la fonction et de la douleur chez les patients qui avaient un œdème osseux. Il convient de noter que l'Iloprost est contre-indiqué chez les patients sous anticoagulants et pendant la grossesse.

Un traitement à base de bisphosphonates et une supplémentation en vitamine D peuvent également être utilisés pour augmenter l'anabolisme et la revascularisation de l'os. Il a été démontré que l'ibandronate de sodium et d'autres bisphosphonates contenant de l'azote ont un effet analgésique en plus de leurs effets anaboliques dans le tissu osseux.

 

*Avertissement : Ces traitements sont à titre informatif uniquement. Ne vous appliquez aucun traitement sans avoir consulté votre médecin traitant au préalable.

 

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Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

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Sources :

Tarantino, U., Greggi, C., Cariati, I., Manenti, G., Primavera, M., Ferrante, P., Iundusi, R., Gasbarra, E., & Gatti, A. (2021). Reviewing Bone Marrow Edema in Athletes: A Difficult Diagnostic and Clinical Approach. Medicina (Kaunas, Lithuania), 57(11), 1143. Article sous Creative Commons Attribution license (CC-BY).

Davis, D. D., & Kane, S. M. (2021). Bone Marrow Edema Syndrome. In StatPearls. StatPearls Publishing. Article sous Creative Commons Attribution 4.0 International License (CC BY 4.0).

 

 

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