Revue des connaissances actuelles de la prise en charge du syndrome de la bandelette ilio-tibiale (2021)

Publié le : 7 novembre 2021 à 10h51

Article rédigé par Thibaut GARÇON - MKDE 

 

La bandelette ilio-tibiale (BIT) est une structure anatomique dense et fibreuse, qui prend naissance au niveau la tubérosité iliaque, où s'insèrent les muscles grands fessiers, moyens fessiers et le tenseur du fascia latae et s'étend jusqu'à la face latérale de la cuisse jusqu’au condyle externe du fémur. Elle contribue à l'équilibre monopodal et au contrôle postural. Les pathologies de cette bandelette sont souvent confondues avec des affections qui provoquent une gêne sur la face latérale du genou (tels que la tendinopathie du biceps fémoral, un syndrome femoro-patellaire ou encore une atteinte du ligament collatéral latéral) mais également d’autres atteintes de cuisse et de hanche. Le syndrome (dit de « friction ») de la bandelette ilio-tibiale implique le plus souvent une gêne à l'emplacement du condyle fémoral latéral, qui survient après des contraintes mécaniques répétitives du genou, typiquement chez un athlète tel qu'un coureur ou un cycliste. D’autres atteintes plus proximales peuvent survenir chez certaines personnes, mais ne constitue pas ce qu’on appelle le « syndrome » de la bandelette, les axes de traitement et de diagnostic sont cependant étroitement liés au syndrome précédemment décrit.

Le syndrome de la bandelette ilio-tibiale est la deuxième blessure la plus fréquente en course à pied. Une augmentation a été constatée au cours de la dernière décennie et pourrait être liée à l'augmentation du nombre de coureurs dans le monde. L'incidence varie de 1,6 à 12 % chez les coureurs et autres athlètes pratiquant des mouvements répétitifs de genou. Elle est légèrement plus fréquente chez les femmes que chez les hommes et se produit rarement dans la population non active.

 

Origine et facteurs de risque de développement (1) (4) (5)

L'étiologie d’apparition de cette pathologie est controversée et probablement multifactorielle. Selon une théorie, le frottement répétitif entre la bandelette et l'épicondyle latéral pendant la flexion et l'extension entraîne une inflammation de la zone de contact. Cette zone de contact porte le nom de « zone de conflit ». Ce contact se produit à 30° de flexion, qui est le degré de flexion du genou lors de la phase d’appui du pied à la course.

 

 

Cependant, les études anatomiques n'ont pas confirmé ce mouvement de glissement direct sur l'épicondyle latéral. Les examens histologiques de spécimens cadavériques montrent l’existence d’un coussinet adipeux hautement innervé et profond par rapport à l’insertion distale de la bandelette. La compression de ce coussinet adipeux pourrait être à l'origine de la douleur latérale du genou. Par ailleurs, une autre théorie fait état de l'inflammation chronique d'une bourse de glissement de la bandelette remplie située entre l’insertion distale de la bandelette et l'épicondyle latéral du fémur. À l'heure actuelle, on ne sait pas si une théorie est là plus à l'origine du syndrome ou si celui-ci est multifactoriel.

À ce jour, les facteurs de risque le plus scientifiquement aboutis et concluants seraient :

  • présenter un pic de rotation interne du genou plus élevé à l’appui
  • un pic d’inclinaison ipsilatérale du tronc plus élevé à l’appui également

 

D’autres facteurs de risques ont aussi été décrits et peuvent être divisés comme ci-après :

 

(Liste non exhaustive)

 

Il est important de noter que des résultats biomécaniques peuvent dépendre du fait que les coureurs portaient des chaussures ou couraient pieds nus pendant une capture d'essai. En outre, les différences entre les chaussures auront également un effet sur les résultats biomécaniques. Les cliniciens effectuant une analyse de la marche devraient donc tenir compte du type de chaussure et de la nécessité de porter des chaussures pendant l'évaluation. Il s'agit d'une recommandation importante pour la réévaluation du même coureur, car cela pourrait avoir un effet sur les résultats du test d'analyse de la marche.

Dans le cadre d’une démarche diagnostique ou d’établissement de test de « dépistage », l’acuité des symptômes pourrait également affecter les résultats des études de recherche. Par exemple, si les participants ne présentaient pas de symptômes au moment du test, les différences entre les groupes pourraient être dues à des stratégies compensatoires adoptées pour éviter la douleur résultant de la blessure initiale. Une stratégie compensatoire apprise peut persister après la disparition des symptômes afin de limiter les tensions sur la bandelette ilio-tibiale

Au-delà des facteurs de risques intrinsèques et observables à la dynamique de la course à pied, il ne faut pas mettre de côté des facteurs de risque modifiables. En effet ces derniers peuvent être facilement contrôlés et modulés. On peut y retrouver notamment :

  • la course sur une surface inclinée
  • la course en côte
  • les erreurs de technique d'entraînement
  • les changements brusques d'intensité d'entraînement.

 

Prise en charge

Les traitements actuels les plus recommandés préconisent en première intention une prise en charge conservatrice en kinésithérapie. Le repos total est, comme la plupart des pathologies dites « tendineuse » proscrites. Un repos relatif avec une activité physique adaptée reste aujourd’hui la meilleure alternative.

Dans le cadre spécifique d’un syndrome de la bandelette ilio-tibiale, nous vous proposons une prise en charge basée sur les travaux de Mellinger et ses collaborateurs (2019) (3). La première étape proposée dans leur étude est une analyse de la course à pied afin de définir les schémas biomécanique déficitaires ou potentiellement en lien avec la symptomatologie. Dès lors, une rééducation spécifique en 3 temps peut être débutée.

Une prise en charge avec des exercices en chaîne cinétique ouverte permet dans un premier temps une diminution des charges sur le membre inférieur touché. Dès lors, un renforcement spécifique en chaîne fermée sous contrainte statique doit être effectué. Une fois que la force de la hanche en chaîne fermée s'est améliorée, l'entraînement doit progresser vers l'activation de ces muscles dans une activité à fort impact comme le sautillement, le saut et la réception.

Nous vous proposons ici des exemples d’exercices pour chaque phase de traitement.

 

Phase 1 : renforcement (chaîne ouverte)

Les exercices doivent se concentrer sur l'activation correcte de toute la musculature soutenant la chaîne latérale pendant la phase d'appui de la marche ou de la course :

 

  • Fessier en ouverture (ou « clamshell »)
  • Coups de pied de mule (avec genou étendu et fléchi)
  • Pont fessier unipodal (sans résistance élastique puis avec résistance autour des genoux) avec appui sur la jambe saine
  • Pas chassés de côté avec une bande élastique à proximité des genoux.

 

Phase 2 : renforcement (chaîne fermée)

La progression vers la phase 2 implique une douleur minimale (inférieure ou égale à 3/10) avec les exercices suivants.

 

  • Position unijambiste avec abduction du membre inférieur non concerné contre le mur.
  • Levés de hanche sur step (du côté impliqué) genou tendu et genou plié ;
  • Squat unipodal
  • Soulevé de terre sur une jambe

 

Phase 3 : pliométrie

Passez à la phase 3 en réintroduisant la course à pied. À ce stade, le patient devrait être capable d'effectuer des exercices de phase 2 d'intensité plus élevée avec une douleur minimale ou nulle au genou :

 

  • Réceptions bilatérales à partir d'une marche devant un miroir, en insistant sur la douceur de l'atterrissage et en s'asseyant sur une chaise pour inciter à une meilleure stratégie de la hanche. Progresser vers la réception sur une jambe
  • Sauts latéraux sur une jambe devant un miroir en mettant l'accent sur le contrôle du bassin et de la hanche. Progresser vers des sauts sur une jambe dans plusieurs directions avec une échelle d’agilité et avec des éléments de déstabilisation (bosu, …)

 

Rééducation neuromusculaire :

L'entraînement à la déambulation (attitude à la marche) doit mettre l'accent sur l'augmentation du contrôle de la hanche surtout dans la phase aiguë (avec présence importante de douleurs). Si une course avec une cadence très faible est observée, un programme d'entraînement visant à augmenter la cadence de 5 à 10 % peut être mis en place. Des repères visuels pour diminuer les angles d'adduction et de rotation interne de la hanche doivent être donnés tout au long de l'entraînement et progressivement supprimés.

Dans certains cas, des traitements de thérapie manuelle de la charnière lombaire, du bassin peuvent être utilisés. Des traitements manuels tels que des massages, utilisation de foam roller, pistolet de massage et des étirements peuvent être indiqués (pas de valeur scientifique encore établie formellement).

 

 

Conclusion

Le syndrome de la bandelette ilio-tibiale se produit principalement dans la phase d'appui de la course. Lors de l'évaluation d'un coureur pour cette pathologie, l'évaluation subjective du kilométrage, des chaussures et de la fréquence est cruciale, tout comme l'évaluation objective de la technique de course. Il est important d'évaluer la force et l'extensibilité musculaires, ainsi que les points de douleur de la musculature environnante qui s'attache à cette bandelette.

Il est à ce jour impossible de définir une cause exacte de déclenchement des douleurs, cependant au travers d’une rééducation bien menée (dans la gestion de l’intensité et des principales phases), un retour aux activités sans douleur est décrit entre 4 et 8 semaines.

 

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Crédits image: therabody.com

 

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Attention cet appareil ne remplace pas une prise en charge complète et globale, mais peut vous aider à accélérer des processus de détente ou de récupération.

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

Sources

(1) Iliotibial Band Friction Syndrome - Andrew Hadeed; David C. Tapscott  - Article sous License Creative Commons (BY 4.0)

(2) Park, J., Cho, H. R., Kang, K. N., Choi, K. W., Choi, Y. S., Jeong, H. W., Yi, J., & Kim, Y. U. (2021). The role of the iliotibial band cross-sectional area as a morphological parameter of the iliotibial band friction syndrome : a retrospective pilot study. The Korean Journal of Pain, 34(2) - Article sous License Creative Commons (BY-NC 4.0)

(3) Mellinger, S., & Neurohr, G. A. (2019). Evidence based treatment options for common knee injuries in runners. Annals of Translational Medicine, 7(S7), S249

(4) Aderem, J., & Louw, Q. A. (2015). Biomechanical risk factors associated with iliotibial band syndrome in runners : a systematic review. BMC Musculoskeletal Disorders, 16(1) - Article sous License Creative Commons (BY 4.0)

(5) Charles, D., & Rodgers, C. (2020). A LITERATURE REVIEW AND CLINICAL COMMENTARY ON THE DEVELOPMENT OF ILIOTIBIAL BAND SYNDROME IN RUNNERS. International Journal of Sports Physical Therapy, 15(3),

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