Atteintes musculo-squelettiques : proposition d’une approche « #DREAM » commune en rééducation

Publié le : 24 juillet 2021 à 15h45

Article rédigé par Thibaut Garçon

La pratique du sport qu’elle soit de loisir ou à haut niveau entretient des bienfaits sur la santé physique et psychologique. Cependant, elle est souvent à l’origine de pathologies très largement répandues : les lésions musculo-squelettiques (telles que les entorses, fractures, tendinopathies, …). En manière de rééducation, la plupart des cliniciens connaissent des acronymes tels que RICE, POLICE et même PEACE & LOVE, et sont souvent utilisés en phase aiguë de traitement, mais ces derniers ne semblent pas proposer une vision globale d’une prise en charge. En effet, ces acronymes ne fournissent pas un plan qui tienne compte des éléments plus larges et plus holistiques qui affectent le rétablissement des patients ou des athlètes tels que l’influence de drapeaux rouges ou la place de l’éducation thérapeutique.

Par conséquent, ces approches peuvent souvent négliger des facteurs potentiellement essentiels qui influencent les résultats de notre prise en charge. Alors que chacun des professionnels de santé en lien avec la rééducation possède ses propres compétences spécialisées et son propre champ d'action, nous proposons ici de vous détailler un modèle multidisciplinaire que tous les cliniciens peuvent utiliser pour guider leur approche des pathologies musculo-squelettiques,un modèle qui peut être adapté à tous, des patients sédentaires aux athlètes d’élite.

 

 

Description de l’approche #DREAM

#DREAM est un acronyme qui résume certains des domaines clés que les professionnels de santé doivent prendre en compte lorsqu'ils sont face à une lésion musculo-squelettique. Chaque blessure aura son propre « #DREAM », qui, en pratique, sera basé sur des preuves scientifiques, l'expérience du praticien et une multitude de facteurs spécifiques au patient, dans l’optique d’une démarche dite « Evidence Based Practice » (raisonnement basé sur les résultats de la recherche, l’expérience du thérapeute et les attentes du patient). L’objectif de cet article est de fournir un plan pratique et une liste de facteurs à prendre en compte par les praticiens, non pas de venir donner les résultats de la littérature scientifiques sur des traitements ou techniques de rééducation.

 

D : Diagnostic

Dans tous les cas, il faut procéder à une anamnèse et à un examen clinique approfondis, en tenant compte des drapeaux rouges ou des pathologies importantes.

D'autres facteurs doivent être systématiquement pris en compte :

  • Des investigations objectives sont-elles nécessaires ? Considérez les avantages et les inconvénients des examens cliniques (tels que les prises de sang et l’imagerie par exemple). Êtes-vous en train de vous poser une question clinique spécifique, dont la réponse aux examens influencera les soins cliniques, ou êtes-vous en train de simplement de chercher « hasardeusement » pour voir ce que vous trouverez ? Il est important de guider votre raisonnement avec délicatesse et en transparence avec votre patient / athlète

 

  • Y a-t-il un contexte spécifique à cette blessure ? Est-il nécessaire d'établir un calendrier fiable/défini de retour au jeu (RTP) (comme c'est souvent le cas dans le sport d'élite), et les examens aideraient-ils à le déterminer ?

 

  • Le langage et les expressions ne doivent pas « catastrophiser » les diagnostics.

 

R (Risk Factors) : Facteurs de risque et réadaptation

En termes de facteurs de risques, posez-vous les bonnes questions sur les potentiels facteurs qui auraient pu influencer l’apparition de la pathologie :

  • Pouvez-vous déterminer quel(s) facteur(s) a(ont) contribué(s) à la blessure en premier lieu et permettent de réduire la probabilité qu'elle se reproduise ? S'agit-il de la conséquence de nombreux facteurs s’additionnant pour provoquer une blessure, ou s’agit-il d’un facteur isolé responsable de la blessure? ?
  • Y a-t-il des facteurs de risque non modifiables en jeu (âge, antécédents de blessures, etc.) ?
  • Y a-t-il eu une nouvelle activité inhabituelle ou un changement soudain du niveau d'activité (par exemple, l’entrainement à un nouvel exercice de renforcement entraînant des douleurs d’épaule) ?
  • S'agit-il d'une « erreur d’entraînement » liée à la charge, à un changement de surface de jeu, à une modification du programme, …

La rééducation quant à elle ne doit pas se limiter à une prescription ponctuelle d'exercices. Il faut adopter une approche interdisciplinaire et biopsychosociale pour la guérison du patient, qui fait appel à des compétences et à des expériences diverses pour maximiser les chances de réussite.

Quelques conseils :

 

  • Demandez-vous si le patient souhaite impliquer toute une équipe médicale et de soutien au sens large (entraîneurs, coéquipiers, parents, médecins, …)
  • Dessinez un continuum de réadaptation et indiquez les étapes décrites ci-dessous. Si le patient a tardé à venir vous voir, déterminez déjà où il se situe sur cette ligne du temps et assurez-vous qu'il comprend la chronologie de cette prise en charge et les critères de progression dans les é

 

  1. Au début : RICE/POLICE/PEACE & LOVE etc. - choisissez celui que vous préférez (et que vous pouvez justifier cliniquement). Décharger ou modifier les activités qui provoquent la douleur. Restaurer l'amplitude des mouvements et améliorer la proprioception. Évitez le déconditionnement géné
  2. À moyen terme : augmentez progressivement la charge sur le tissu lésé (et remontez la chaîne musculaire).
  3. À la fin de votre prise en charge : augmentez progressivement la charge sur les tissus et introduisez graduellement des charges qui reflètent les exigences de leur état normal/avant la blessure. Partez de l'objectif final du patient et basez votre rééducation sur cet objectif. Existe-t-il des critères que vous devez prendre en compte avant que le patient ne soit "autorisé" à retrouver une fonction/un jeu complet ?

 

S'il s'agit d'un environnement sportif, il semble nécessaire de faire en sorte qu’il se sente moins isolé de son sport/activité tout au long de son processus de rééducation. Comme le dit Phil Glasgow, « la rééducation n'est qu'un entraînement en présence d'une blessure ». Demandez-vous s’il existe des compétences spécifiques au sport que vous pourraient intégrer tout au long du processus de rééducation, ou pouvez-vous leur donner une routine qui les rapprochent de leur sport et des terrains ? (Par exemple : routine d’échauffement du type avant match ou compétition avec utilisation de balle/ballons)

 

E : Éducation

Il est important de faire comprendre au patient/athlète que la blessure peut devenir une opportunité pour améliorer leurs connaissances en matière de santé et de leur donner les moyens de prendre le contrôle et d'agir en tant que principal « acteur » de leur rééducation. Cela peut se faire :

  • En fournissant des informations relatives à leur état de santé.
  • En considérant et en reconnaissant les idées, les craintes, les attentes et les objectifs du patient/athlète, ainsi que sa propre situation personnelle/sociale.
  • S'assurer que le patient est satisfait du rôle de la douleur pendant/après les exercices de rééducation, et de l'élément progressif de la rééducation (par exemple : une flexion de genou améliorée, …)
  • Fournir des ressources numériques ou papiers (éléments anatomiques, exercices ou étirements) auxquels les patients peuvent se référer tout au long de leur prise en charge.

 

A : Analgésie et 'Accessoires'

Sur les éléments analgésiques, les options sont presque infinies dans certains cas. Assurez-vous d'être en conformité avec les codes antidopage pertinents et tenez compte de l'objectif du médicament.

Les « accessoires » dépendront eux de plusieurs facteurs (dont le coût, les risques et les preuves), mais peuvent être utiles dans de nombreux contextes. Envisagez de les répartir dans le calendrier de rééducation en fonction de l'objectif de l'accessoire. Veillez à ce que le patient  ou l’athlète soit conscient de son rôle et à ce qu'ils ne soient pas considérés comme des « solutions rapides ». Il ne semble pas pertinent de vouloir obtenir un « gain marginal » de 1 % de cet accessoire si au préalable vous n'avez pas maîtrisé les éléments de base qui contribuent à plus de 99 % de la récupération (force, gestion de la charge, …).

Par exemple :

Au début : Suppléments nutritionnels et stimulateurs musculaires (électrostimulation, …), pour réduire l'atrophie musculaire ; attelles ; thérapies par injection (PRP, etc.), thérapie par ondes de choc.

Milieu : Hydrothérapie/machine Alter-G pour contrôler précisément la charge.

Tardive : Psychologie du sport pour les problèmes de retour au jeu ; bandes et attelles.

 

M : Maintenir le niveau d'activité physique et/ou la forme physique

Il est important de souligner qu’une blessure n’enlève pas la possibilité de continuer à maintenir une activité physique. La blessure permet de mettre en évidence ce qu'ils peuvent encore faire. L’important aussi est d'être/de rester physiquement actif en optimisant les autres facteurs liés au mode de vie (par exemple, l'alimentation, le tabagisme, la consommation d'alcool et le sommeil). Les approches de type « entretien motivationnel » ou des méthodes dites d’« intervention brève » si le temps est limité, et essayer de trouver des moyens de surmonter les obstacles spécifiques au patient. Pour les athlètes, ces temps de blessure peuvent être une occasion de s'améliorer dans d'autres domaines (par exemple, la force dans d'autres parties du corps, le sens tactique, l’analyse vidéo,…).

 

Conclusion

L’incidence élevée des atteintes musculo-squelettiques notamment dans le monde du sport de haut niveau doit mettre en alerte les professionnels de santé sur des lignes de conduite actualisée par la recherche scientifique.

Nous vous résumons ici les différentes étapes du raisonnement clinique et des démarches de rééducation pour ce type de pathologie :

 

 

Nouvelle technologie - Neubie (de Neufit)

Neubie est un appareil de neuro-stimulation musculaire électrique. Il envoie en toute sécurité des signaux de courant pulsé continu précisément là où votre patient éprouve de la douleur ou des limitations de mouvement musculaire, rééduquant ses muscles en exploitant la puissance du système nerveux. Il peut être utilisé notamment en post opératoire afin d’exploiter au mieux la régénération des tissus et du réveil du tissu neural dans un but de limitation de l’amyotrophie ou de perte de sensibilité.

 

Crédits image: neu.fit

 

L'utilisation du courant pulsé continu est important, car il a de nombreux effets biologiques positifs comme l’accélération des processus physiologiques de guérison, de réparation et de régénération du corps et a des effets uniques sur le système nerveux/neuromusculaire.

 

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

Source

Griffin, S. (2021, 2 juillet). Proposing a #DREAM approach to musculoskeletal medicine | BJSM blog - social media' ; s leading SEM voice. BJSM Blog - Social Medias Leading SEM Voice. https://blogs.bmj.com/bjsm/2021/07/02/proposing-a-dream-approach-to-musculoskeletal-medicine/ - Article sous license Creative Commons CC-BY-NC

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