Récidive de rupture du ligament croisé antérieur (LCA)

Publié le : 17 juillet 2021 à 10h34

Article rédigé par Clément Boudot 

 

Les lésions du ligament croisé antérieur (LCA) sont des blessures graves, qui mettent en péril la carrière des joueurs de football professionnels. Bien que la gestion non chirurgicale puisse être une option dans certains cas, chez un joueur professionnel la reconstruction précoce du LCA (RLCA) est considérée comme le traitement de référence. La plupart des joueurs professionnels en Europe (93%-100%) sont capables de reprendre le football après une reconstruction du LCA, mais 3 à 4 ans après seulement 55%-65% des joueurs retournent à leur niveau d’avant la blessure. De plus, même si les joueurs parviennent à reprendre le sport (RTP) après une RLCA, leurs performances peuvent être affectées négativement en raison de la diminution du nombre de matchs, de minutes jouées et de buts marqués par saison par rapport aux statistiques d'avant la blessure.

De nombreux joueurs subissent également des blessures ultérieures liées, notamment à des récidives de lésions du LCA après le retour à l'entraînement (RTT) ou le retour à la compétition. Il existe des preuves émergentes d'un risque élevé de deuxième rupture du LCA chez les jeunes athlètes, et en particulier chez les joueurs de football. Cependant, moins de données ont été rapportées chez les footballeurs professionnels, avec une récidive ipsilatéral allant de 5% à 10% et les blessures controlatérales allant de 4 % à 8 %.

 

Taux de seconde rupture du LCA

Della Villa et al., ont constaté que 17,8% des joueurs ont subi une seconde greffe ipsilatérale ou une rupture du LCA controlatéral dans les 5 ans après une RLCA et un RTT. Ce résultat s'inscrit dans le prolongement de la littérature antérieure sur une population sportive après une RLCA, en particulier pour le taux de deuxième lésion du LCA (17,6 %) dans une revue systématique comprenant uniquement des études cliniques avec un suivi minimum de 5 ans. Les résultats de Della Villa et al., sont également similaires au taux de deuxième lésion du LCA (15%) dans une revue systématique plus récente comprenant des études avec un suivi minimum d'un an.

Cependant, les taux de seconde lésion du LCA dans certaines études semblent être quelque peu inférieurs (9 % à 12 % sur 5 ans à partir de la RLCA). Bien que fournissant d'importantes informations sur les nouvelles blessures chez les athlètes en général, aucune de ces revues ne reflète les caractéristiques et l'environnement de la cohorte de Della Villa et al., composés de joueurs de football professionnels. Le taux de RTT de cette étude était de 100%, ce qui est conforme à d'autres études sur les joueurs de football professionnels en Europe. Cependant, chez les joueurs de football amateur le taux de RTT est inférieur.

Il est intéressant de noter que des taux similaires de secondes ruptures du LCA (14%-16%) comme dans l’étude de Della Villa et al., ont également été rapportés dans des études rétrospectives récentes sur des joueurs de football professionnels en Europe.

Plusieurs études ont identifié un taux important de secondes lésions du LCA après une RLCA et une reprise du sport. Il est important de noter que certaines études indiquent que les joueurs de football semblent être plus susceptibles de subir une deuxième rupture du LCA que les autres athlètes.

 

 

Facteur de risques

Della Villa et al., ont identifié deux facteurs de risque indépendants pour une deuxième lésion du LCA.

Premièrement, le fait de subir une rupture du LCA sans contact était associé à un taux 7 fois plus élevé de deuxième rupture du LCA. Ce résultat est important, car les ruptures sans contact représentent 44 % à 64 % des blessures du LCA dans le football professionnel masculin. Ces ruptures surviennent généralement dans des situations de pression défensive ou lors du retour à l'équilibre après un coup de pied. Les lésions du LCA sans contact reflètent très probablement une prédisposition à subir une rupture du LCA, soit pour des facteurs non modifiables (par exemple, antécédents familiaux, laxité articulaire, morphologie osseuse, etc.) ou modifiables (par exemple, style de jeu agressif, biomécanique altérée, déficits neuromusculaires, etc). Ces blessures et les facteurs de risque modifiables peuvent être ciblés par des interventions d'entraînement neuromusculaires.

Deuxièmement, le fait de subir une rupture isolée du LCA était associé à un taux 3 fois plus élevé de deuxième blessure du LCA, en particulier la rupture ipsilatérale du greffon. Cette constatation jette donc un nouvel éclairage sur ces cas "non compliqués". Par exemple, la durée du RTP était plus courte pour ces lésions isolées que pour les lésions du LCA avec lésions associées (174 contre 202 jours). Les ruptures isolées du LCA peuvent refléter un mécanisme de blessure différent de celui des lésions du LCA avec des blessures articulaires concomitantes. Une étude récente a trouvé des résultats similaires chez des skieurs professionnels avec un risque accru de lésion du LCA controlatéral chez les athlètes qui avaient une lésion isolée du LCA.

Il est important de noter que lorsque ces deux facteurs (absence de contact et lésion isolée du LCA) ont été combinés, il a été constaté que 42 % des joueurs ont subi une deuxième lésion du LCA. Le risque accru de seconde lésion du LCA en cas de blessures sans contact et de blessures isolées du LCA est une découverte nouvelle et cliniquement très pertinente qui doit être intégrée dans sa rééducation. L'importance d'une rééducation de haute qualité fondée sur des preuves doit également être communiquée à ce stade, tout en soulignant que des stratégies de prévention secondaire continues sont justifiées après le RTP.

 

RTP après deuxième rupture du LCA 

Le délai avant le RTP en tant que variable continue n'était pas un facteur de risque indépendant pour une seconde lésion du LCA dans la cohorte de Della Villa et al. Ce résultat est en accord avec les deux plus grandes séries de patients impliquant plus de 1000 patients chacune.

Il convient toutefois de noter que la majorité des secondes blessures du LCA sont survenues chez les joueurs ayant réalisé un RTT dans les 6 mois et qu'aucun joueur n’a subi une seconde lésion du LCA après un RTT de 8 mois.

Della Villa et al., ont constaté une tendance à la réduction du risque de blessure de 28% pour chaque mois supplémentaire d’attente jusqu'au RTT. Il est possible qu'un temps de rééducation plus long permette une meilleure récupération fonctionnelle, neurologique et biologique du joueur blessé.

Le processus d'autorisation du RTP est complexe. Il peut y avoir des intérêts contradictoires dans la décision de RTP, en particulier pour les joueurs professionnels de haut niveau, avec des pressions extérieures, qui peuvent avoir une forte motivation interne pour revenir aussi vite que possible et accepter ainsi une approche plus "risquée". Étant donné qu'il peut falloir jusqu'à deux ans pour retrouver la santé et la fonction biologiques articulaires de base après une rupture du ligament croisé antérieur, un algorithme de retour différé au sport a été suggéré.

Cependant, l'acceptation d'une telle "règle des deux ans" chez les footballeurs professionnels ne serait probablement pas réalisable, compte tenu de la balance entre le risque de blessure et le besoin rapide de performance bien établi dans les sports d'élite, notamment dans le football de haut niveau.

 

Si vous êtes intéréssés pour en apprendre plus sur le RTP après une lésion du LCA, nous vous conseillons de visionner l'épisode 3 de notre web-série sur le LCA, avec l'intervention en exclusivité du docteur Della Villa, spécialiste mondialeent reconnu pour ses travaux sur le sujet: https://youtu.be/T_WhbzjwvH0

 

Carrière après une seconde rupture du LCA

La durée moyenne de la carrière professionnelle après un RTT est de 3 à 4 ans, ce qui correspond étroitement aux données des joueurs de la Major League Soccer (MLS) aux États-Unis entre 1996 et 2012. Deux études ultérieures sur la MLS entre 2011 et 2016 et sur les deux ligues les plus élevées du "big 5" ligues européennes entre 2010 et 2017 ont rapporté des carrières professionnelles plus courtes chez les joueurs blessés au LCA par rapport aux joueurs sans lésion du LCA. Dans l’étude de Della Villa et al., plus de 90% des joueurs jouaient encore au plus haut niveau 2 ans après le RTT, alors que ce pourcentage est tombé à 60% après 5 ans, similaire à la proportion (65%) précédemment rapportée dans cette cohorte 3 ans après le RTT.

Une explication plausible de cette baisse apparente d'une année sur l'autre pourrait être que les lésions du LCA sont associées à une réduction des performances après le RTT. Un autre facteur contributif est l'âge du joueur, l'étude actuelle et une autre étude récente montrant que les joueurs qui jouaient encore à haut niveau après 5 ans étaient significativement plus jeunes au moment de la blessure.

 

Différence de taux de seconde lésion entre les différents types de greffon?

D’après la revue systématique de Nawasreh et al., les secondes lésions du LCA, après une arthroplastie primaire, étaient plus fréquentes chez les patients ayant subi une autogreffe de tendon des ischio-jambiers, suivie d'une autogreffe du tendon rotulien, puis d'une allogreffe (greffe de cellules souches allogéniques). De plus, les patients ayant subi une autogreffe du tendon des ischio-jambiers, une autogreffe du tendon rotulien ou une allogreffe présentaient un taux plus élevé de lésions du greffon ipsilatérale par rapport à la lésion du LCA controlatéral.

Les patients ayant bénéficié d'une autogreffe des ischio-jambiers étaient plus susceptibles de subir une lésion ipsilatérale du greffon par rapport à la lésion controlatérale du LCA, avec un odds radio de 2,22.

Les résultats de la revue systématique de Nawasreh et al., corroborent avec les conclusions d'études antérieures qui rapportent que les patients ayant subi une autogreffe des ischio-jambiers subissent davantage de secondes lésions du LCA que les patients ayant subi une autogreffe du tendon rotulien.

Cependant malgré un taux de récidive plus élevé d’une autogreffe des ischio-jambiers (comme par exemple la greffe DIDT) est l’une des techniques les plus utilisées pour reconstituer le LCA. En effet cette technique présente divers avantages tout au long de la rééducation mais également sur le RTP.

 

Nouvelle technologie

Battle4Run apporte une solution pour améliorer l'entraînement fonctionnel du joueur de foot notamment, améliorer la force musculaire ainsi que la coordination. Cette machine permet de développer la force à travers les mouvements complet que le sportif réalise lors de sa pratique. En ajoutant de la résistance à des actions élémentaires comme le sprint, les changements de direction, les tractions et les poussées.

 

Crédits image: battle4run.com 

 

La machine Battle4Run fonctionne au moyen d'une résistance fixe transmise par une ceinture de traction de 25 mètres qui offre 20 niveaux de résistance allant de 1 à 120kg. La ceinture de traction peut être fixée à divers accessoires afin d'appliquer la résistance à différentes parties du corps.

 

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

Sources

Della Villa F, Hägglund M, Della Villa S, et alHigh rate of second ACL injury following ACL reconstruction in male professional footballers: an updated longitudinal analysis from 118 players in the UEFA Elite Club Injury StudyBritish Journal of Sports Medicine Published Online First: 12 April 2021. Article sous Creative Commons Attribution Non Commercial license (CC BY-NC 4.0)

Nawasreh, Z., Adams, G., Pryzbylkowski, O., & Logerstedt, D. (2018). INFLUENCE OF PATIENT DEMOGRAPHICS AND GRAFT TYPES ON ACL SECOND INJURY RATES IN IPSILATERAL VERSUS CONTRALATERAL KNEES: A SYSTEMATIC REVIEW AND META-ANALYSIS. International journal of sports physical therapy, 13(4), 561–574.

Écrire un message
* informations obligatoires
(ne sera pas publié)