La science au service du tennis

Publié le : 6 juin 2021 à 08h39

Article rédigé par Clément Boudot 

 

Le tennis est un sport explosif qui demande une grande vitesse d’exécution et des changements de rythmes et de direction rapides, ce qui expose les joueurs à des risques de blessures élevés, indépendamment de leur niveau de performance.

Le tennis diffère des autres sports en termes de durée de match (exposition), de surface de jeu et d'équipement. Il se caractérise par des mouvements répétitifs à grande vitesse des membres supérieurs, ce qui peut entraîner des blessures de sur-utilisation. Sprints, changements de direction, sauts, réceptions et pivotements exercent des forces linéaires et rotatives élevées sur les articulations des membres inférieurs, ce qui augmente le risque de blessures aiguës.

Lors d’une étude épidémiologique sur les blessures liées au tennis, les membres supérieurs représentaient 28 % de toutes les blessures chez les joueurs masculins et 23 % chez les joueuses féminines, tandis que l'articulation de l'épaule est le site le plus fréquemment blessé du membre supérieur.

La douleur à l'épaule était présente chez 24% des joueurs de tennis d'élite âgés de 12 à 19 ans, la prévalence augmente à 50% chez les joueurs de tennis seniors ex-professionnels (plus de 35 ans).

Dans le tennis les chaines cinétiques ont une part importante dans la performance. Le terme "chaîne cinétique" est utilisé pour décrire l'utilisation coordonnée des muscles des membres inférieurs qui transfèrent la production de force du bas du corps vers le haut du corps. Kovacs et Ellenbecker décrivent le service de tennis comme le coup le plus complexe. Il est également suggéré que le service est l'un des coups de tennis les plus traumatisants, en raison de sa nature répétitive et du mouvement au-dessus de la tête, qui ajoute une force considérable sur le buste et les membres supérieurs.

 

 

Temps d’exposition

Comme évoqué précedmment, le tennis diffère des autres sports en termes de durée de match, un match de tennis peut se dérouler sur plusieurs heures (allant de 1h à 5 h).
Jayanthi et al., ont démontré que le volume des matchs joués augmentait le risque de blessure au cours d'un tournoi, surtout après le quatrième match joué.

Moore-Reed et al., ont signalé des changements dans les composants clés du mouvement gléno-huméral, notamment une diminution de la rotation gléno-humérale et de l'amplitude totale des mouvements de l'épaule, une diminution de la force de l'épaule et une augmentation de la raideur musculaire 24 heures après avoir joué au tennis. Cette étude n'a pas fourni de preuves concernant les facteurs responsables de ces changements, notamment l'exposition, les propriétés musculaires, les altérations de la chaîne cinétique ou le volume d’entraînement.

L'influence d’une forte exposition au tennis sur l'amplitude des mouvements de l'épaule, trois heures après le match, a été examinée par Martin et al. Malgré la faible taille de l'échantillon (n = 8), les résultats de cette étude étaient similaires à ceux de l'étude de Moore-Reed et al., confirmant que la pratique prolongée du tennis est un facteur de risque de blessure du membre supérieur chez les joueurs de tennis.

Suite aux résultats ci-dessus, une étude différente a examiné les changements de cinématique, de cinétique et de performance survenant après trois heures de service au tennis. Ils ont rapporté:

  • Une diminution de la vitesse de la balle lors du service.
  • Une diminution de la flexion maximale du genou.
  • Une diminution des vitesses angulaires du membre supérieur.
  • Ainsi qu’une diminution de la cinétique des articulations du membre supérieur, indiquant une fatigue musculaire du membre supérieur.

 

Ces changements indiquent qu’une forte exposition au tennis affecte la biomécanique du service et peut induire une fatigue neuromusculaire du membre supérieur.

Rich et al., ont examiné les effets immédiats de la fatigue musculaire sur la cinématique de la scapula après une forte exposition au tennis. Les résultats de cette étude suggèrent que la fatigue peut entraîner un conflit sous-acromial, cependant, les altérations scapulaires n'ont été examinées que sur une période de 24 heures, ce qui suggère que des recherches supplémentaires devraient identifier quelles sont les cinématiques scapulaires sur une période de plus de 24 heures après un match.

 

Dyskinésie

Voir notre Grand Format N°1 « L’épaule chez l’athlète overhead » page 14, pour en apprendre plus sur la dyskinésie scapulaire chez ce type de sportif.

 

GIRD

Le déficit de rotation interne gléno-humérale (GIRD) est l’une des adaptations les plus courantes, observées du côté dominant chez les athlètes overhead.

Cette adaptation a été définie comme la perte de degrés de rotation interne gléno-humérale de l'épaule dominante par rapport à l'épaule non dominante. On pense que le GIRD fait des facteurs de risque de blessure de l'épaule important chez les joueurs de tennis.

Elle se manifeste cliniquement par une diminution de la mobilité gléno-humérale en adduction transversale et en rotation interne et serait le résultat d'une rétraction capsulaire et d'une contracture musculaire postérieure. L'hypothèse avancée pour expliquer le GIRD serait que les charges cumulées sur l'épaule postérieure pendant la phase de décélération du mouvement de lancer provoquent des microtraumatismes et des « cicatrices » sur ces tissus mous.

La raideur de l'épaule postérieure est donc considérée comme un facteur causal ou perpétuel du conflit de l'épaule et de pathologies labrales.

Des translations anormales de la tête humérale, causée par un resserrement de la capsule postéro-inférieur, peuvent diminuer la largeur de l'espace sous-acromial, provoquant ainsi un conflit sous-acromial. D'autres études suggèrent une translation postérieure et supérieure de la tête humérale lors de l'armement avec une capsule postérieure serrée, conduisant éventuellement à un frottement des tendons de la coiffe des rotateurs contre le rebord postéro-supérieur de la glène. Par conséquent, la contracture de la capsule postérieure augmente probablement le risque de conflit interne et sous-acromial chez le sportif overhead.

 

 

Technique

Henning et al., ont suggéré que le développement de l'épicondylite latérale pourrait être associé à une mauvaise technique.

La tendinopathie a été documentée comme étant le type de blessure le plus fréquent au poignet, car les joueurs de tennis ajoutent beaucoup de rotation et de vitesse à leurs coups. Les tendinopathies au niveau du poignet ont été signalées comme ayant le taux d’incidence le plus élevé de blessures tendineuses lors d’une étude de 15 ans sur l'épidémiologie des blessures au tournoi du Grand Chelem US OPEN.

L'épicondylite latérale, ou "tennis elbow", a été désignée comme l'une des blessures de sur-utilisation les plus courantes au tennis, en particulier chez les joueurs de tennis débutants. Aujourd'hui, le taux d'incidence de l'épicondylite latérale a diminué, principalement grâce à l'amélioration de la technique et à l'utilisation de la prise à deux mains au revers.

Des études ont montré que les joueurs de tennis professionnels ayant une meilleure technique présentaient des forces cinétiques sur l'épaule plus faible, diminuant ainsi le risque de blessure par sur-utilisation. Leur meilleure technique leur permet de frapper plus efficacement, avec d’avantage de vitesse de service mais avec moins de contrainte sur l’épaule. Cette diminution du risque pourrait s'expliquer par le fait que les joueurs de tennis de haut niveau, malgré les exigences physiologiques et biomécaniques, auraient une capacité supérieure à transférer les forces à travers la chaîne cinétique et à travailler plus efficacement et également possèdent des structures anatomiques entrainées et plus résistances au stress mécaniques.

 

Raquette et blessure

Une étude récente sur les effets de la modification de la masse et de l’équilibre de la raquette sur les charges articulaires du membre supérieur a identifié une augmentation du moment d'inertie de la raquette au fil des années. Cette augmentation du moment d'inertie peut augmenter le risque de blessure chez les joueurs de tennis, cependant cette étude contient plusieurs biais.

Les critères de Nirschl suggèrent que la taille (mesuré en pouces) appropriée de la poignée est déterminée par la distance entre le milieu du pli palmaire proximal de la main et l'extrémité distale de l’annulaire.

Selon l'étude de Hatch et al, les modifications de la taille de la poignée de la raquette de tennis de moins de 0,25 pouces (environ 0,6 cm) de celle recommandée par Nirschl, n'affecte pas de manière significative l'activité musculaire de l'avant-bras, et ne peut donc pas être considérée comme un facteur de risque d'épicondylite latérale.

 

Nouvelle technologie

Les raquettes Babolat Play, sont des raquettes de tennis connectés. En effet des capteurs sont situés dans le manche de la raquette afin d’analyser les coups du joueur. Grâce à cette technologie il est possible d’analyser la puissance, l’endurance, la technique, où est situé l’impact de la balle sur la raquette etc.

Les données sont par la suite envoyé sur l’application Babolat et peuvent être analyser et également comparé aux autres joueurs possédant la même technologie.


Credit image: babolatplay.com

 

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

Sources:

Kekelekis, A., Nikolaidis, P. T., Moore, I. S., Rosemann, T., & Knechtle, B. (2020). Risk Factors for Upper Limb Injury in Tennis Players: A Systematic Review. International journal of environmental research and public health, 17(8), 2744. Article sous Creative Commons Attribution (CC-BY) license.

Cools, A. M., Johansson, F. R., Borms, D., & Maenhout, A. (2015). Prevention of shoulder injuries in overhead athletes: a science-based approach. Brazilian journal of physical therapy, 19(5), 331–339. Article sous Creative Commons Attribution License CC-BY.

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