Prise en charge du syndrome fémoro-patellaire

Publié le : 17 avril 2021 à 17h37

Article rédigé par Clément Boudot 

 

Le syndrome fémoro-patellaire (SFP) est une cause fréquente de douleur antérieure du genou chez les athlètes. Le SFP touche les patients avec ou sans lésion structurelle de l’articulation fémoro-patellaire tandis que chez les patients âgés, une douleur de la face antérieure du genou est généralement due à l’arthrose de l’articulation fémoro-patellaire (=SFPOA). Le SFP est généralement associé à des activités qui sollicitent les quadriceps, comme les sauts, le cyclisme ou la course à pied. Le SFP est principalement un diagnostic d’exclusion. Si toutes les autres pathologies, comme une rupture du LCA, une lésion du ménisque ou encore une tendinopathie patellaire sont exclues et qu’il reste seulement une douleur antérieure de genou, on peut alors diagnostiquer un SFP. La prévalence du SFP est élevée et touche environ 11 à 17 % des patients qui consultent un médecin généraliste pour des douleurs au genou. (4) (5) (1)

Il semblerait que le SFP soit corrélé à une augmentation trop brutale la charge d’entrainement. Les patients veulent généralement progresser trop vite et réaliser des séances trop intenses entrainant la blessure. Lors de l’entrée dans l’armée il fut constaté une forte augmentation de la prévalence du SFP qui est expliqué par un entrainement trop intense.

Il a été récemment rapporté que ~25 % des sportifs amateurs diagnostiqués avec un SFP cesseront de pratiquer leur sport en raison de la douleur au genou. Chez les cyclistes professionnels, la prévalence du SFP est de 35,7 %. Lors d’une étude observationnelle portant sur 810 adolescents joueurs de basket-ball, la prévalence globale du SFP était de 25 %, avec ~26 % de femmes et 18 % d’hommes affectés. Il semblerait que les femmes soient deux fois plus à risque que les hommes de développer un SFP.

 

Traitement

 

  • Renforcement musculaire

Le renforcement musculaire est l’une des stratégies les plus plébiscitées pour son utilisation à court, moyen et long terme. Si une seule intervention devait être utilisée dans sa pratique pour traiter le SFP le « Patellofemoral Pain Consensus » conseillerait d’utiliser le renforcement musculaire.

Les preuves montrent clairement que le renforcement musculaire est efficace pour réduire la douleur et améliorer les capacités fonctionnelles de l’athlète, quel que soit le type d’exercice (avec ou sans poids, renforcement ciblé sur les muscles de la hanche ou du genou).

Le but des exercices est d’être le plus spécifique et d’essayer de reproduire les mouvements réalisés lors du sport pratiqué par le patient.

Les exercices ciblant la hanche devront essayer de corriger un valgus dynamique (mis en évidence lors du bilan). Pour cela, il faudra donc renforcer les rotateurs externes de la hanche, mais également les abducteurs, comme le moyen fessier, très sollicité lors de la course à pied ou toutes les activités nécessitant un appui unipodal.

Les exercices ciblant le genou auront pour but de renforcer le quadriceps, tous les modes de contractions devront être réalisés (isométriques, concentriques et excentriques).

Les exercices pourront également incorporer de la pliométrie afin d’imposer de plus fortes contraintes sur le quadriceps et le tendon patellaire, lors de la réception d’un saut jusqu’à 90 fois le poids du corps est imposé au niveau du TP.

  • Tape

 

Le groupe d’experts lors du « Patellofemoral Pain Consensus » n’a pas pu déterminer si le tape rotulien devait être le traitement de première intention lors de douleur fémoro-patellaire.

Il semblerait que le tape ainsi que les attelles rotuliennes pourraient jouer un rôle dans la gestion de la douleur fémoro-patellaire en association avec d’autres traitements, mais leur rôle isolé n’a pas encore été entièrement déterminé.

Les méthodes de pose du tape varient considérablement entre les kinésithérapeutes ce qui peut influer sur les résultats obtenus.

Il existe une incertitude pour les recommandations sur l’utilisation du tape. Il est donc important d’avoir une plus grande considération des besoins individuels des patients pour personnaliser au mieux son traitement. Par exemple, dans l’étude de Barton et al « Best Practice Guide to Conservative Management of Patellofemoral Pain », les experts ont décrit qu’il était important de cibler le tape en fonction de la situation de chaque patient (attente du patient, croyance sur le tape, etc.).

D’autres traitements d’appoint, tels que les mobilisations articulaires (rotule, genou, lombaire) et les agents éléctrophysiques (TENS par exemple), n’ont pas montré une efficacité significative dans la prise en charge de la douleur fémoro-patellaire.

 

  • Semelles

 

Les semelles ont été recommandées pour soulager à court terme la douleur chez les personnes souffrant de douleur fémoro-patellaire. Cependant, il faut tenir compte du fait que la réduction moyenne de la douleur grâce au port de semelles peut être considérée comme n’ayant pas de signification clinique et peut varier d’un individu à l’autre.

Les semelles sont susceptibles de ne pas être efficaces pour tout le monde et il doit être nécessaire de savoir qui profitera du port de semelle.

Des études ont fait état de caractéristiques cliniques qui peuvent être utilisées pour prédire le succès d’une intervention avec des semelles, notamment :

  • Une mobilité accrue du médio-pied
  • Une flexion dorsale de la cheville limitée
  • Une amélioration immédiate de la douleur fémoro-patellaire lors de l’exécution d’un squat sur une jambe lors du port de semelles.

 

Chez les personnes présentant les caractéristiques présentées ci-dessus il serait alors intéressant d’utiliser les semelles.

 

  • Stratégies combinées

Lors du « Patellofemoral pain consensus » de 2016 les interventions combinées (renforcement musculaire, tape, mobilisation et semelles) ont été jugées appropriées pour les patients ayant des douleurs fémoro-patellaires, ce qui est conforme à la recommandation du « Best Practice Guide to Conservative Management of Patellofemoral Pain » parue en 2014.

Une approche combinant plusieurs stratégies pour prendre en charge le SFP reflète le mieux la pratique clinique et donne au praticien la possibilité d’utiliser plusieurs outils pour améliorer la prise en charge de son patient. Toutefois, une recommandation importante formulée dans le « Best Practice Guide to Conservative Management of Patellofemoral Pain » concernant les interventions combinées est la cessité d’individualiser les traitements pour chaque patient, car tous les patients ne nécessitent pas tous les traitements cités ci-dessus. Le bilan jouera un rôle crucial afin de déterminer quel traitement devra être proposé au patient.

 

 

  • Éducation (3)

 

L’éducation des patients sportifs sur la charge d’entrainement est un point essentiel de la prise en charge du SFP.

Une revue systématique de Winters et al., a mis en évidence l’efficacité de l’éducation pour le traitement du SFP. Ils concluent que l’éducation sur la quantification la charge d’entrainement associé à un traitement actif/passif (exercice, semelle ou taping/mobilisation rotulienne) à plus de chances d’être efficace à 3 mois.

Cependant à 12 mois, l’éducation seule est comparable à l’éducation associée à un traitement actif.

Ces résultats montrent que l’éducation du patient constitue le pilier de la stratégie thérapeutique à utiliser. Les traitements actifs/passifs peuvent interférer sur le court et moyen terme, mais de meilleurs résultats seront obtenus si une éducation du patient à gérer sa charge d’entrainement est réalisée.

 

  • Traitement pharmacologique (2)

 

Le « Best Practice Guide to Conservative Management of Patellofemoral Pain » recommande que le soulagement immédiat de la douleur soit une priorité pour gagner la confiance du patient.

Une revue Cochrane de 2004 a conclu qu’il existait des preuves limitées que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (= AINS) réduisaient efficacement la douleur antérieure aiguë du genou chez les patients atteints du SFP. Il n’existe pas de revues systématiques plus récentes des traitements pharmacologiques du SFP.

 

Conclusion 

Le Patellofemoral Pain Consensus a émis 6 recommandations pour la prise en charge du SFP :

  • L’exercice est recommandé pour réduire la douleur à court, moyen et long terme, et améliorer la fonction à moyen et long terme.
  • Il est recommandé de combiner les exercices de la hanche et du genou pour réduire la douleur et améliorer la fonction à court, moyen et long terme, plutôt que d’utiliser seulement des exercices du genou.
  • Des interventions combinées (actif et passif) sont recommandées pour réduire la douleur chez les adultes souffrant de douleurs fémoro-patellaires à court et moyen terme.
  • Les semelles sont recommandées pour réduire la douleur à court terme selon les caractéristiques cliniques.
  • Les agents électrophysiques ne sont pas recommandé

 

À ces recommandations, il faudrait ajouter 2 nouvelles considérations qui émanent de la littérature scientifique récente. L’éducation thérapeutique sur la charge d’entrainement est un élément clé pour le kinésithérapeute ainsi que la prise en charge médicamenteuse qui pourrait être intéressante pour diminuer la douleur en début de prise en charge.

 

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Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

 

Sources :

(1) Crossley, K. M., van Middelkoop, M., Callaghan, M. J., Collins, N. J., Rathleff, M. S., & Barton, C. J. (2016). 2016 Patellofemoral pain consensus statement from the 4th International Patellofemoral Pain Research Retreat, Manchester. Part 2: recommended physical interventions (exercise, taping, bracing, foot orthoses and combined interventions). British journal of sports medicine, 50(14), 844–852. Article sous Creative Commons Attribution Non Commercial license (CC BY-NC 4.0).

(2) Barton, C. J., Lack, S., Hemmings, S., Tufail, S., & Morrissey, D. (2015). The ‘Best Practice Guide to Conservative Management of Patellofemoral Pain’: incorporating level 1 evidence with expert clinical reasoning. British journal of sports medicine, 49(14), 923–934.

(3) Winters, M., Holden, S., Lura, C. B., Welton, N. J., Caldwell, D. M., Vicenzino, B. T., Weir, A., & Rathleff, M. S. (2020). Comparative effectiveness of treatments for patellofemoral pain: a living systematic review with network meta-analysis. British journal of sports medicine, 55(7), 369–377. Article sous Creative Commons Attribution Non Commercial license (CC BY-NC 4.0).

(4) Petersen, W., Rembitzki, I., & Liebau, C. (2017). Patellofemoral pain in athletes. Open access journal of sports medicine, 8, 143–154. Article sous Creative Commons Attribution – Non Commercial License.

(5) Smith, B. E., Selfe, J., Thacker, D., Hendrick, P., Bateman, M., Moffatt, F., Rathleff, M. S., Smith, T. O., & Logan, P. (2018). Incidence and prevalence of patellofemoral pain: A systematic review and meta-analysis. PloS one, 13(1), e0190892. Article sous Creative Commons Attribution License.

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