Douleurs de la région cervicale: cervicalgies aiguës et chroniques

Publié le : 30 août 2020 à 09h43

Article rédigé par Antoine Frechaud et Nathan Touati

La douleur au cou, qu’elle soit due à un événement traumatique tel qu’un accident de voiture ou de nature non traumatique, est une cause majeure d’invalidité dans le monde. Elle touche les personnes sédentaires, mais également les populations sportives souvent soumises au stress et à une charge de travail élevé en fonction du sport ou même à la suite d’un contact puissant entre deux joueurs.

 

Le fardeau sanitaire et économique dus aux douleurs au cou et au dos sont considérables, étant la principale cause « d’années vécues » avec un handicap dans le monde. Le fardeau sociétal de ces conditions est amplifié par le fait que de nombreux cas d’épisodes aigus ne se rétablissent, mais développent des douleurs récurrentes.

Les douleurs au cou peuvent survenir à la suite d’une blessure traumatique, généralement un contact entre deux sportifs avec l’athlète affecté ne voyant pas l’adversaire arriver dans son dos ou sur le côté et donc généralement il s’agira d’une blessure associée au « coup du lapin », qu’on l’appellera « cervicalgie traumatique » (CT). Ce genre d’affectation peut être d’apparition non traumatique, comme cela se produit plutôt chez les employés de bureau, mais également chez les sportifs notamment avec des facteurs tels que le stress ou manque de sommeil appelé « cervicalgie non traumatique » (CNT).

Certains affirment qu’il y a peu de différence entre les deux affectations cervicales et ont développé des systèmes de classification qui ne les différencient pas. Cependant, des comparaisons directes entre la CT et la CNT ont montré que le premier groupe rapportait des niveaux de douleur et d’incapacité plus élevés, une plus grande détresse psychologique, une hyperalgésie (douleur anormalement amplifiée) et une hypoesthésie (diminution du sens du toucher et de la sensibilité physique) plus marquée, et ont des résultats de guérison moins bons lors du suivi médical.

 

 

Réconfort, conseils et éducation

Conseiller et rassurer le patient souffrant de cervicalgie est la première étape du processus de rééducation et est souvent le traitement de première intention recommandé par les guides de pratique clinique. Actuellement, il n’y a pas d’orientation claire sur le contenu recommandé pour rassurer le patient, au-delà du message d’un pronostic favorable et d’un rétablissement complet.

Dans une étude récente, les points de vue des patients atteints de CT et de CNT ont été sollicités sur les problèmes qui les concernaient le plus. Nous avons constaté que les deux groupes de patients voulaient des types d’informations similaires qui étaient cohérents avec les thèmes d’inquiétude concernant d’éventuels dommages structurels non détectés ; détresse liée à la difficulté à entreprendre les activités habituelles, les préoccupations concernant l’avenir et les difficultés telles que les coûts de traitement et les réclamations d’assurance (dans certains pays). Ces résultats peuvent fournir une certaine orientation sur la nature du réconfort requis par les patients souffrant de cervicalgie.

Une revue Cochrane a identifié trois thèmes généraux pour l’éducation des patients : des conseils sur l’augmentation de l’activité, des conseils axés sur la douleur et les capacités d’adaptation au stress, et l’ergonomie du lieu de travail et des conseils sur les stratégies d’auto-soins. La revue a révélé qu’une vidéo éducative de conseils dans le service des urgences de l’hôpital, axée sur la reprise de l’activité, était bénéfique pour réduire les symptômes aigus du CT. Le nombre de patients qui doivent recevoir cette intervention vidéo éducative pour qu’un seul en bénéficie était de 23. Aucune autre intervention éducative n’a été jugée efficace, y compris une brochure d’information sur les CT.

Des revues systématiques ultérieures ont montré que l’éducation structurée des patients seuls ne produisait pas de grands avantages en termes d’efficacité clinique par rapport à d’autres interventions conservatrices pour les patients atteints de CT ou de CNT.

Les traitements éducatifs/conseils, testés seuls ne montrent que de petits effets pour les patients souffrant de cervicalgie (CT et CNT). De meilleurs effets peuvent être observés lorsque les approches éducatives sont utilisées en conjonction avec l’exercice.

Le contenu optimal à inclure dans les approches pédagogiques n’est pas connu.

 

Exercice

L’exercice semble avoir des effets bénéfiques sur la cervicalgie (cervicalgie traumatique et cervicalgie non traumatique), bien que des preuves de haute qualité manquent.

Il existe des preuves modérées indiquant que les exercices de renforcement du quart supérieur peuvent avoir un effet modéré sur la douleur.

À l’heure actuelle, il n’y a pas de données disponibles pour montrer qu’une forme d’exercice est plus efficace qu’une autre. Il n’y a pas non plus de données pour indiquer la dose ou l’intensité optimale. Jusqu’à ce que de nouvelles preuves deviennent disponibles, les cliniciens peuvent vouloir prendre en compte les préférences du patient et leur expertise clinique en matière de prescription d’exercice lorsqu’ils prescrivent des exercices. Ils devraient également tenir compte des avantages potentiels pour la santé globale de l’exercice (en particulier les exercices d’aérobie et de renforcement).

Des preuves de qualité modérée soutiennent l’utilisation de l’entraînement en force du quart supérieur (cou, omoplate et membre supérieur) pour améliorer la douleur immédiatement après le traitement avec un effet modéré à important lors du suivi à court terme.

Il y avait également des preuves de qualité modérée à l’appui de l’entraînement d’endurance du quart supérieur pour un petit effet bénéfique sur la douleur immédiatement après le traitement et un suivi à court terme ; des exercices de contrôle musculaire (stabilisation) de la nuque et de la ceinture scapulaire pour améliorer la douleur et la fonction au suivi à moyen terme et du Qigong (pleine conscience et exercice de mouvements lents) pour améliorer au minimum la fonction, mais pas l’effet global perçu par le patient à court terme.

Des preuves de faible qualité suggèrent que les exercices de respiration ; entraînement physique général ; étirement seul ; et les exercices de type rééducation vestibulaire peuvent légèrement améliorer la douleur ou la fonction immédiatement après le traitement en suivit à court terme.

Des preuves de très faible qualité suggèrent que la coordination neuromusculaire œil-cou, les exercices proprioceptifs peuvent améliorer la douleur et la fonction lors d’un suivi à court terme, ce qui confirme les conclusions d’une revue systématique précédente.

Les cliniciens voudront peut-être savoir si une forme d’exercice est plus efficace qu’une autre. Bien que toutes les revues systématiques notent de petits effets pour la plupart des types d’exercices, on suppose généralement qu’il n’y a pas de différence entre eux.

Cependant, peu de comparaisons directes de différents types d’exercices ont été effectuées et il est donc impossible de tirer des conclusions définitives.

Certaines données suggèrent des effets différentiels du type d’exercice sur la sensibilité à la douleur. Par exemple, l’exercice isométrique peut exercer des effets hypoalgésiques (atténuation de la douleur) plus importants que l’exercice aérobique, au moins à court terme, il est donc possible que des recherches plus poussées montrent que le type d’exercice a des influences différentes sur la douleur.

 

Interventions sur le mode de vie

Ces derniers temps, une attention a été accordée au rôle potentiel des facteurs liés au mode de vie dans le développement de la douleur musculo-squelettique chronique. Des études épidémiologiques ont montré que des niveaux plus élevés d’activité physique sont associés à moins de douleurs au cou et aux épaules ce qui est plutôt bon pour nos athlètes, mais il ne faut pas oublier le côté physique avec les contacts qui rentre en jeu (ex. rugby, football, handball, etc.) pouvant résulter en une CT. L’inactivité physique et un indice de masse corporelle élevé sont associés quant à elle associées à un risque élevé de douleur chronique dans le bas du dos et le cou/les épaules chez l’adulte en général.

Il a également été démontré que les problèmes de sommeil étaient associés à un risque accru de douleur chronique dans le bas du dos et le cou/les épaules. Ces données suggèrent que les interventions visant à améliorer les facteurs liés au mode de vie peuvent être efficaces pour les douleurs musculo-squelettiques, y compris les douleurs cervicales, mais peu d’essais ont été menés dans ce domaine.

Un travail sur le mode de vie de l’athlète tel que l’alimentation (nourriture/eau), le sommeil, le stress, l’organisation sont des points très importants à prendre en compte dans la prévention et la réhabilitation lors de CT ou CNT.

Voici quelques exercices que vous pouvez réaliser en cas de cervicalgie avec l’accord de votre médecin ou de votre kinésithérapeute, car le cou est une zone ou passe de nombreux nerfs, vaisseaux sanguins majeurs et il faut être sûr que vous n’ayez aucune condition grave avant de réaliser n’importe lequel de ces exercices.

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Résumé :

 

  • Les exercices de renforcement du cou et du quart supérieur ont un effet modéré sur les douleurs cervicales à court terme. Cette conclusion est basée sur des preuves de qualité moyenne.

 

  • D’autres approches d’exercices démontrent de petits effets basés principalement sur des preuves de faible qualité.

 

  • Rassurer le patient/les conseils/l’éducation montrent généralement de petits effets basés sur des preuves de qualité faible à moyenne.

 

  • Les traitements psychologiques seuls ont de petits effets basés sur des preuves de qualité très faible à modérée.

 

  • Les traitements psychologiques et physiques combinés dispensés par des kinésithérapeutes peuvent être plus efficaces.

 

  • Les directives cliniques sont principalement basées sur des preuves ou un consensus de qualité faible à moyenne, par conséquent les recherches futures changeront probablement ces conclusions.

 

Nouvelle technologie

Nous avons pu voir que le stress, le manque de sommeil joué un rôle primordial dans les CT et CNT, une technologie pouvant améliorer cet état de stress et problématique du sommeil est  le caisson d’isolation sensorielle. (CIS)

 

 

Crédits: Floatspa

Les CIS, fournissent un réservoir insonorisé rempli de sel d'Epsom à la température de la peau, dans lequel les individus flottent. 

Bien que conçus à l'origine pour la santé mentale, de nombreux athlètes et organisations professionnelles ont maintenant adopté les CIS afin d'accélérer le processus de récupération physique et mental, notamment les marques Cryonext et Floatspa.

Basée sur la technique de stimulation de l'environnement restreinte (REST- Restricted Environmental Stimulation Technique), la thérapie de flottation déclenche une réponse de relaxation profonde beaucoup plus profonde que le sommeil normal, permettant à l'individu d'atteindre l'état insaisissable Thêta, ce qui est normalement difficile à obtenir.

Avec l’élimination des stimuli externes, la charge de travail du système nerveux central est réduite jusqu’à 90%.

Au cours de cette réduction des stimuli, le corps se régénère naturellement et la réponse parasympathique favorise la cicatrisation, ce qui augmente également la production de lymphocytes T et peut renforcer le système immunitaire. Tout cela en plus d'éliminer la gravité, ce qui permet aux muscles et aux articulations de relâcher complètement les tensions.

Les athlètes peuvent grandement bénéficier de ce type de thérapie.

Les utilisateurs actifs comprennent plusieurs équipes de la NFL, de la MLB, de la NBA, de l'armée, du MMA et des athlètes olympiques, pour n'en nommer que quelques-unes. Bien que la plupart d'entre eux soient considérés à des fins physiques par beaucoup, certaines personnes flottent pour améliorer la visualisation sportive pendant leur convalescence (Carl Lewis a beaucoup utilisé la flottaison avant les JO de Séoul).

Une étude de 2016 à montrer résultats prometteurs qui suggèrent que la méthode ait un potentiel en tant que traitement complémentaire aux traitements existants pour les GAD (generalized anxiety disorder), problèmes de gestion du stress. Mais d'autres études sont nécessaires pour évaluer plus en détail l'efficacité des traitements.

Stephen Curry, champion NBA utilisant la cuve de déprivation sensorielle.

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

Sources :

Sterling, M., de Zoete, R., Coppieters, I., & Farrell, S. F. (2019). Best Evidence Rehabilitation for Chronic Pain Part 4: Neck Pain. Journal of clinical medicine, 8(8), 1219. Creative Commons Attribution (CC BY) license.

Cohen SP. Epidemiology, diagnosis, and treatment of neck pain. Mayo Clin Proc. 2015;90(2):284-299. doi:10.1016/j.mayocp.2014.09.008

Cohen SP, Hooten WM. Advances in the diagnosis and management of neck pain. BMJ. 2017;358:j3221. Published 2017 Aug 14. doi:10.1136/bmj.j3221

 

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