Le retour à la compétition chez les athlètes : aspects à prendre en compte

Publié le : 8 février 2020 à 10h05

Article rédigé par Nathan Touati

 

Un retour à la compétition (RTC) plus rapide est la volonté de chaque athlète, entraineur et institution. Surtout quand il s’agit d’un athlète ou joueur clé. Nous allons voir aujourd’hui dans cet article un modèle, regroupant les composantes à prendre en compte afin d’optimiser et de minimiser le temps passé hors compétition. Retrouvez en bas de l'article le modèle illustré sous forme de schéma. 

Le retour à la compétition doit permettre à l’athlète de reprendre son activité en toute sécurité. Nous savons que les blessures surviennent beaucoup plus lors de la compétition que lors de l’entrainement. La clé est donc d’allier performances et sécurité. Le RTC s’organise autour de plusieurs facteurs : la blessure, l’athlète, l’enjeu et le facteur juridique. Il s’agit d’un modèle biopsychosocial et qui doit être absolument individualisé à chaque athlète.

 

  • La blessure :

 

Les caractéristiques des pathologies affectant les athlètes sont tellement variées que de nombreuses perspectives sont à prendre en considération.

 

Type de blessure : Il s’agit surement de l’information la plus importante. Nous savons que certaines blessures sont plus sujettes au risque de reruptures comme une rupture du LCA. Il faut également prendre en compte d’autres informations : est-ce une récurrence ? Est-ce une nouvelle blessure ? Il faut également considérer le site lésé, sa potentielle fragilité : ligaments, muscle, os, tendon, etc.

 

Symptômes présents au moment de la décision :  Au moment de décider si l’athlète est apte à reprendre la compétition, il faut évaluer si des symptômes sont présents, et si oui évaluer leur potentiel danger. Il faut correctement évaluer la douleur afin d’estimer si elle s’oppose au RTC ou non. Il se peut qu’une petite douleur passe au fil de la reprise de la compétition sans forcément engendrer de risque. Cependant, elle peut également signaler que l’athlète n’est pas totalement guéri.

 

Imagerie : L’imagerie est souvent rassurante à la fois pour la structure (club, etc.) et le joueur. Elle permet de fournir une évaluation précise de la structure lésée, signaler quelque chose d’anormal et de se rendre du stade de guérison (partiel ou total).

 

Rééducation : Il est important de considérer comment s’est passée la rééducation, l’état d’esprit dans lequel l’athlète s’est entrainé, si des étapes ont été difficiles à franchir, quelconques peurs ou anxiété. La réalisation de tests fonctionnels est essentielle.

 

Condition physique : l’athlète est-il réellement prêt à reprendre la compétition ? Il est très important d’effectuer après la rééducation une bonne réathlétisation pour que l’athlète retrouve confiance en lui, ses sensations habituelles et surtout récupérer une bonne condition physique pour limier la fatigue musculaire ou générale qui pourrait entrainer une nouvelle rupture.

 

Protection : Il est intéressant d’évaluer également l’habilité à protéger le site lésé lors du retour à la compétition : en utilisant un strap, du textile de compression, un tape.

 

  • L’athlète :

 

L’athlète est bien entendu un paramètre majeur dans la décision du RTC : ses sensations précises ne peuvent pas être imaginées ou ressenties par le corps médical.

 

État psychologique : L’état d’esprit de l’athlète est un aspect déterminant. C’est lui qui sait s’il se sent prêt à reprendre la compétition. Il est crucial de ressentir sa motivation, sa pression, son anxiété. Le professionnel de santé doit prêter attention à ce genre de détails.

 

Sensations : Essayer d’obtenir des feedbacks subjectifs et objectifs sur ses sensations durant les exercices notamment ceux mimant le mécanisme lésionnel.

 

Antécédents médicaux : L’anamnèse de l’athlète est essentielle afin d’évaluer les risques.

 

Environnement : Tout ce qui tourne autour de l’athlète vient également

 

Type d’athlète : La position de l’athlète (gardien, attaquant ..), son côté dominant (gaucher, droitier) , son style de jeu (impact, foncier, etc..)  peuvent influencer la décision de renvoyer ou non le joueur sur le terrain.

 

  • L’enjeu :

 

L’enjeu est un facteur extérieur à l’athlète en lui-même. Malheureusement nous ne choisissons lorsqu’une blessure apparait. Les demandes de performances sont différentes en fonction des évènements de la saison.

 

Moment de la saison : Les blessures ne sont pas réparties de la même façon tout au long de la saison, le surmenage arrive en général avant la trêve hivernale (fatigue) ou au retour, en début de saison (mauvaise préparation), mais également en fin de saison (surcharge).

 

Importance de l’évènement : Relation entre athlète et évènement : nous pouvons faire face à des athlètes voulant à tout prix participer à un évènement : une organisation dans le pays natal, un symbole émotionnel. Bien évidemment que s’il s’agit d’une finale olympique ou de coupe du monde, le RTC sera abordé d’une manière différente à celle d’un match amical, ou d’une compétition sans réel enjeu.

 

Type de sport : Le type de sport est à prendre en compte notamment s’il s’agit d’un sport de contact ou non nécessitant l’utilisation du site lésé.

 

Attentes du club/organisation/structure : Il est commun que la sélection nationale mette la pression sur un athlète tout comme un club ou un coach en quête de résultats.

 

Balance risque-performance : Lorsque l’évènement nécessite la participation obligatoire de l’athlète, il est essentiel de balancer les risques face aux potentielles performances.

 

  • Juridique :

 

Le juridique est souvent une partie oubliée des modèles de RTC. Néanmoins, cela peut se révéler être le facteur le plus déterminant de la prise de décision.

 

Négligence de la blessure : Si le corps médical était potentiellement au courant du risque que courait l’athlète, mais que le coach souhaitait absolument que ce dernier performe cela pourrait entrainer des problèmes juridiques notamment une plainte de la part de l’athlète qui pouvait être contre le fait de participer.

 

Aspects financiers : Les sponsors et/ou investisseurs peuvent mettre la pression sur la structure ou directement sur l’athlète pour qu’il s’illustre.

 

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

Sources: 

Menta, R., & D'Angelo, K. (2016). Challenges surrounding return-to-play (RTP) for the sports clinician: a case highlighting the need for a thorough three-step RTP model. The Journal of the Canadian Chiropractic Association60(4), 311–321.

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