Amplitude de la flexion dorsale de la cheville: relations, risques et traitements

Publié le : 21 juillet 2019 à 10h34

Réédité le: 12 Avril 2020 à 10h16

Article rédigé par Nathan Touati et Antoine Frechaud

 

L’articulation de la cheville est une partie du corps qui, chez les sportifs, subit de nombreux traumatismes, due au fait qu’elle est l’articulation majeure la plus distale et la plus proche de la zone d’impact (pied) lors de la course, de changements de directions, de frappes, etc. Très sujette aux blessures, la cheville se doit d’être renforcée quotidiennement. En effet, la cheville est l’articulation la plus touchée par les blessures dans 24 des 70 sports étudiés par Gabbe et al. Le basketball, le handball et le football sont les sports les plus touchés par les blessures à la cheville. Dans cet article, nous allons nous intéresser à l’amplitude de la flexion dorsale de la cheville qui est régulièrement corrélée avec de nombreux facteurs tels que la performance ou le risque de blessure.

La flexion dorsale de la cheville :

L’articulation talo-crurale est l’articulation de la cheville. Elle est dite « synoviale trochléenne » c’est-à-dire qu’elle permet des mouvements d’ouvertures et de fermetures dans un seul axe grâce à un os convexe qui s’ajuste dans la surface concave d’un autre os. Cette articulation comprend deux mouvements : la dorsiflexion ou flexion dorsale et la flexion plantaire.

L’éversion et l’inversion quant à elles se réalisent au niveau de deux articulations : l’articulation subtalaire et l’articulation de Chopard. L’éversion est assistée par la flexion dorsale, alors que l’inversion est assistée par la flexion plantaire.

Crédits: Brockett et Chapman

Les muscles impliqués lors de la flexion dorsale de la cheville sont les suivants :

  • Tibial antérieur
  • Long extenseur des orteils
  • Long extenseur de l’hallux
  • Troisième fibulaire (ou péroné antérieur). Ce muscle est couramment incorporé comme une partie du muscle long extenseur des orteils.

Pour faire face aux nombreux sauts, changements de directions, accélérations, décélérations que réalise l’athlète durant ses entrainements, ce dernier va requérir une activité conséquente de ces muscles afin de stabiliser la cheville.

D’après le Center National for Disease control and prevention une amplitude « normale » de flexion dorsale de cheville moyenne est de 24.8° chez les femmes et 22.8° chez les hommes. D’autres études stipulent que la moyenne tourne plus autour de 20°.

 

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Amplitude de flexion dorsale et performances :

Une plus grande amplitude de flexion dorsale de la cheville a été corrélée avec une meilleure détente. Il s’agit notamment de l’amplitude active réalisée en chaine cinétique fermée comme lors des sauts de contre-mouvements (schéma ci-dessous) qui s’avère être corrélée positivement de manière significative avec une amélioration de la détente. Une articulation plus souple permettrait donc aux sportifs une amélioration de leur détente.

Crédits : https://markogradyblog.wordpress.com/using-plyometrics-to-train-soccer-players-the-counter-movement-jump/

Amplitude de la flexion dorsale, blessures et diagnostics:

Des restrictions d’amplitude de dorsiflexion sont corrélées avec une augmentation du risque de lésions du ligament croisé antérieur à cause d’un déplacement antérieur excessif du genou par rapport à la cheville entrainant donc un stress considérable sur LCA, l’exposant à un risque de rupture plus élevé.

Le risque de tendinopathies de la portion moyenne du tendon d’Achille chez les coureurs est également plus élevé chez les individus possédant une flexion dorsale de cheville réduite. Longtemps, nous avons cru que le manque de flexion dorsale de la cheville venait du muscle gastrocnémien or, d’après les études de la cinématique de la course ce serait le muscle soléaire qui en serait responsable.

En effet, le muscle gastrocnémien est responsable de la flexion dorsale lorsque la jambe est tendue or la jambe n’est jamais complètement tendue lors de la course. Le genou conserve quelques degrés de flexion venant donc mettre en tension le muscle soléaire. Si l’athlète manque de flexion dorsale de cheville lors de la course, le traitement devrait s’organiser autour du muscle soléaire plutôt que du gastrocnémien.

Une mesure de la flexion dorsale de la cheville avec un genou fléchi, reflétant donc la flexibilité du muscle soléaire, permettrait de détecter une potentielle cause de tendinopathies.

 

Diagnostic :

Deux tests s’offrent à nous :

  • Lateral step down: Le patient se tient près du bord de la planche de step. On lui demande de garder le  tronc droit, les mains sur la taille, et de plier son  genou jusqu’à ce que le talon contralatéral touche le sol. Le patient doit également maintenir l’axe du genou de la jambe testée au-dessus du 2e orteil. On compare ensuite avec l’autre pied. Ce test nous permet surtout de détecter les asymétries. Il permet également d’observer le déplacement antérieur du genou lors de la flexion.
Crédits: Rabin et al.
  • Weight-bearing lunge test : En position de fente, le but est que le genou vienne toucher le mur sans que le talon de la jambe testée se décolle (le talon de l’autre jambe peut se lever). On mesure ensuite la distance du gros orteil au mur en supposant que chaque centimètre représente 3.6° de flexion dorsale.
Crédits: NeuroXtrain

Ces restrictions d’amplitude pourraient également être dangereuses pour le tendon patellaire, pour des raisons biomécaniques similaires au ligament croisé antérieur. Une flexion de genou avec un déplacement antérieur excessif par rapport à la cheville entrainerait une répétition de forces excentriques qui à terme pourrait être néfaste pour le tendon patellaire. L’excentrique est assez paradoxal : si le sportif s’entraine souvent de manière excentrique pour son tendon patellaire (prévention ou rééducation), ce dernier sera plus résistant aux forces d’étirement du tendon en réponse à une dorsiflexion réduite. Cependant, s’il ne réalise pas de renforcement excentrique particulier du tendon, la répétition de déplacements antérieurs du genou peut s’avérer extrêmement dommageable pour ce dernier.

 

Adaptation de la flexion dorsale lors de la compétition :

Une étude menée par Moreno Perez V. et al. sur 40 joueurs de football espagnol a permis d’établir le comportement de l’amplitude de la flexion dorsale de la cheville chez les footballeurs : 3 mesures ont été effectuées : Pré-match, post-match et 48h post-match.

Les comparaisons suivantes sont effectuées par rapport à la mesure pré-match de la jambe dominante:

  • Immédiatement après le match la flexion dorsale a augmenté de 5,8%
  • 48h post-match la flexion dorsale de la cheville avait diminué de 2,6%.

Ces données prouvent donc que l’amplitude de la dorsiflexion varie entre compétition et jours de repos. Si les joueurs entament un match de coupe en semaine avec une réduction de 2,6% de l’amplitude de la flexion dorsale de la cheville, combinée à d’autres facteurs (fatigue, histoire médicale, etc.) cela pourrait les exposer à des risques de blessures.

 

Comment travailler son amplitude de dorsiflexion ?

Gagner en flexion dorsale de la cheville n’est pas si simple, en effet la génétique joue un rôle prépondérant au sein de nos amplitudes de mouvement. Cependant, la génétique définit également les marges de progression potentielles et certaines personnes possèdent une marge non négligeable. Voici donc quelques exercices permettant d’améliorer de façon active et dynamique sa flexion dorsale de cheville :

Stretching: À réaliser sur step avec l’élastique au niveau de l’articulation talo-crurale. La tension de l’élastique doit être importante et le patient va lentement avancer son genou sans que le talon de la jambe avant se décolle.

Crédits: NeuroXtrain

Travail de montée sur step : Cet exercice a pour but d’assouplir les tissus et permet de travailler le mollet de manière excentrique (type Stannish). Le travail ne se réalise que sur une jambe, l’autre servant à garder l’équilibre ne fait qu’accompagner la montée.  

 

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

Sources :

Brockett, C. L., & Chapman, G. J. (2016). Biomechanics of the ankle. Orthopaedics and trauma30(3), 232–238. https://doi.org/10.1016/j.mporth.2016.04.015. Article sous Creative Commons 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by/4.0 Modifications apportées: Traduction

Gabbe BJ, Finch CF, Wajswelner H, Bennell KL. Predictors of lower extremity injuries at the community level of Australian football.Clin J Sport Med. 2004 Mar; 14(2):56-63.

Stefas, Eleftherios & Panoutsakopoulos, Vassilios & Kotzamanidou, Mariana C. & Papaiakovou, Georgios & Kollias, Iraklis. (2018). ANKLE JOINT RANGE OF MOTION EFFECT ON VERTICAL JUMP PERFORMANCE OF PROFESSIONAL SOCCER PLAYERS.

Rabin, A., Kozol, Z., & Finestone, A. S. (2014). Limited ankle dorsiflexion increases the risk for mid-portion Achilles tendinopathy in infantry recruits: a prospective cohort study. Journal of foot and ankle research7(1), 48. https://doi.org/10.1186/s13047-014-0048-3 

Liens web: https://www.cdc.gov/ncbddd/jointrom/

 

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